Et maintenant, quelque chose de différent !
Pas de randonnée, pas de visite de ville, pas de route à parcourir.
Aujourd'hui, nous allons faire un petit tour au musée, et plus précisément au Centre National du Costume de scène et de la Scénographie.
Quand soudain, ne voilà-t-il pas...
Installéà Moulins dans le département de l'Allier, le Centre National du Costume de scène et.... oh putain, c'est long àécrire, on va le faire en initiales !
Installéà Moulins dans le département de l'Allier, le CNCS est la première structure de conservation consacrée au patrimoine matériel des théâtres et doté de collections prestigieuses constituées d'environ 10 000 costumes. En errant à Nevers, j'ai souvent croisé les affiches publicitaires pour ce lieu qui, du 7 avril au 4 novembre 2018, propose une exposition originale ayant pour titre "Contes de fées".
![affiche]()
Alors là, tu me dis : "Ouais bon d'accord ok, mais bon qu'est-ce que ça veut dire tout ça ?"
Eh bien voici le pitch.
ATTENTION :
LE PITCH !
""La Belle au bois dormant", "La Belle et la Bête", "Cendrillon", "Peau d’âne", "Riquet à la houppe", "Casse-Noisette", "Hansel et Gretel", "Alice au pays des merveilles", "L’Enfant et les sortilèges", "Le Coq d’or", "Le Songe d’une nuit d’été", "Le Petit Prince", "Le Prince de Motordu"… Toutes ces productions de ballet, d’opéra, de théâtre, de marionnettes… ont rendez-vous à partir du 7 avril à Moulins, où le Centre national du costume de scène propose une visite enchantée au cœur d’une quinzaine de contes de fées.
Pour la première fois, rois, reines, princes et princesses, elfes légendaires, belles endormies, fées carabosses, créatures magiques ou sorcières au nez crochu, quittent leurs châteaux, tanières et bois enchantés et livrent leurs plus beaux apparats
En un coup de baguette magique, le visiteur est transporté le long d’un parcours féerique et coloré ponctué de 150 costumes, accessoires, images et vidéos provenant des collections du CNCS mais aussi des fonds de l’Opéra de Vienne, Bordeaux, Paris, ou encore Genève…
Robes qui scintillent, tulles vaporeux, plumes qui virevoltent, vestes flamboyantes et chapeaux magiques illustrent comment au fil des siècles, les costumiers, chorégraphes, cinéastes et plasticiens ont interprété les personnages légendaires sortis tout droit de l’imagination des frères Grimm, de Charles Perrault, Madame d’Aulnoy et de Madame de Beaumont. (...)
Le parcours de l’exposition fait ensuite la part belle à plusieurs contes et embarque le visiteur au cœur d’une histoire fantastique. A chaque vitrine, un conte - De Cendrillon àHansel et Gretel en passant par Blanche Neige et Riquet à la houppe - et ses célèbres personnages : des Belles (au bois dormant ou amoureuse d’une Bête), des fées (Carabosse et Lilas dans La Belle au bois dormant, marraine dans Peau d’âne) des rois, reines, princes, princesses (Le Petit Prince, Le Prince de Motordu ou le Prince des noix dans Casse-Noisette), créatures magiques (La sorcière Grignote et les Marchands de sable et de rosée dans Hansel et Gretel, les créatures féeriques dans Le Songe d’une nuit d’été) mais aussi des animaux (les rats de Casse-Noisette, le renard du Petit Prince, la chenille d’Alice au pays des merveilles). (...)" CNCS
Intrigant, n'est-ce pas ? Et puis, j'avais envie de prendre une petite dose d'histoires, de contes, tu vois, avec des idées originales, du rêve, de l'élégance... -non, ça, à la rigueur je m'en fous-, mais bon, des histoires quoi, avec des personnages qui luttent, qui s'aiment, qui créent des choses.
Je me suis demandé : "Mais quelle pouvait bien être la plus belle histoire du monde ? Existe-t-il seulement une belle histoire du monde ? Et pourquoi serait-elle LA plus belle histoire du monde ? Quels seraient ses composants ? Aurait-elle une morale ? Une fin heureuse ou malheureuse ?"
J'ai cherché un peu, à droite, à gauche. Histoires drôles, histoire d'amour, anecdotique, de fou, moderne ou même histoire de voir. Il y a aussi la rumeur. Je ne sais plus qui m'avait parlé de cela il y a quelques décennies. Nous roulions quelque part vers Saint-Paul-de-Denouillet lorsque nous dépassâmes une voiture traînant une grosse caravane, immatriculée en Hollande, ou Pays-Bas, comme tu veux. C'est alors que mon co-pilote du jour me dit :
"Les Hollandais, quand ils viennent en France, ils n'achètent que du lave-glace pour bagnole. Après il s s'en servent pour tout ! Pour l'apéro, ils boivent du lave-glace. En digeo aussi, en mangeant, pour laver la vaisselle, pour faire des sauces ! Dans leurs grandes caravanes comme ça, tu vois, eh bien en fait, ils ont des hectolitres de lave-glace !"
Cela m'avait laissé dubitatif quelques secondes. Et puis, je me suis lancéà fond dans cette hypothèse. Pourquoi ne pas faire un livre de recettes de cuisine à base de lave-glace ? Un parc d'attractions tournant autour du thème du lave-glace ? Et tout ça et tout ça...
BON EUH
DE QUOI ON PARLAIT ?
Ah oui, le CNCS !
J'ai pris la voiture pour quitter mon Nevers natal afin de parcourir les quelques kilomètres qui séparent la préfecture nivernaise de la préfecture alliénée... alliésoise... allierante... de l'Allier. Nevers-Moulins parce qu'on ne peut pas à la fois être à Nevers et à Moulins...
Alors là, comme tu as pu le remarquer, j'ai tenté un petit hommage à l'expression "On en peut pas être à la fois au four et au moulin" en ramplaçant four par Nevers et moulin par Moulins. Force est de constater que cette parenthèse est tombée à l'eau, mais ne doit cependant pas nous empêcher de nous demander à quand remonte cette expression assez usitée.
ÊTRE AU FOUR ET AU MOULIN
Signifie ne pas pouvoir être partout en même temps ou ne pas pouvoir faire plusieurs choses en même temps.
Cette expression est attestée dès le XVIIe siècle. Elle provient du droit féodal, lorsque les paysans ou vassaux étaient, pour moudre leur grain et cuire leur pain, tenus d'utiliser le moulin et le four communs fournis par le suzerain, moyennant redevance (tout comme ils devaient utiliser son pressoir pour obtenir leur vin).
Les deux tâches étant obligatoirement exécutées l'une après l'autre, il n'était pas possible d'être à la fois au moulin et au four.
Ben oui. On aurait pu dire aussi "être à la piscine et à la cantine", ou "être au terrain de foot et au terrain de pétanque", et bien d'autres exemples encore.
Voilà, eh bien, on a pas perdu notre temps, là, tiens.
Je prends la route séparant Nevers de Moulins, soient 60 kilomètres qui me font tour à tour passer par Magny-Cours, Saint-Pierre-Le-Moutier, Chantenay-Saint-Imbert et Villeneuve-sur-Allier. Un trajet qui autre que celui de l'ancienne Route Nationale 7 ; la route des vacances, la voie des congés payés, la Route Bleue, Charles Trenet, les restaurants étoilés.
Elle inspira des livres, des histoires et des films ; mais également le nom du jeu 1000 bornes, la Nationale 7 faisant environ 1 000 kilomètres, reliant Paris à Menton.
![Pouilly-sur-Loire, ancien resto Les 200 bornes]()
L'ancien bar-restaurant-hôtel Les 200 bornes à Pouilly-sur-Loire
Combien d'histoires de familles, de couples ou d'anetures en solitaire pourrait-on écrire ou retrouver en allant à la rencontre de ceux qui ont, un jour, à une époque, emprunter cette route mythique française qui, aujourd'hui, a perdu de sa superbe, exhibant par endroit des ruines de restaurants et autres hôtels.
Allez, je quitte Nevers.
![Nevers, tag d'arrivée (58)]()
La Nationale 7 devient A77, autoroute à deux fois deux voies jusqu'à Saint-Pierre-le-Moutiers où elle redevient Nationale, deux fois deux voies rapides.
Quelques camions-frites sont encore présents, mais beaucoup moins qu'il y a vingt ans. Certains établissements en dur ont même définitivement fermé.
![Saint-Pierre-Le-Moutiers, resto route (58)]()
![Saint-Pierre-le-Moutier, Nationale 7 (58)]()
Petit resto de bord de route, 2005-2018
Soudain,
un panneau nous rappelle que...
![Sur la route, nationale 7, panneau (58)]()
La deux fois deux voies devient la deux fois une voie pour entrer dans la commune de Chantenay-Saint-Imbert. Petite bourgade discrète, elle a connu un fort développement industriel du début des années 1900 à 1964 par l'intermédiaire des frères Moreau, fabricants de cycles (Esper, Dixi, Morvan, Niverne, Outremer et safer) et producteurs d'accessoires divers et variés pour cycles et vélocipèdes (cadres, freins...) exportant leur production jusqu'aux États-Unis. Avant la Seconde Guerre mondiale, l'entreprise Moreau est renommée et travaillera pour 1 600 marques. Porteuse d'emplois (jusqu’à 10 % de la population de la commune y travaillera), la marque déclinera avec la démocratisation de l'automobile.
Un peu plus loin, toujours sur la Nationale 7, j'entre dans Villeneuve-sur-Allier. Malgré son nom, elle n'a rien de récent. La route est étroite, les façades sont noircies par la fumée dégagée par les nombreux passages de véhicules. Je me demande comment les gens font pour habiter ces maisons aussi proches de la route.
![Moulins, ancienne pubilicité (03)]()
Et puis voici Moulins
et sa ligne de démarcation.
Entrée en vigueur le 25 juin 1940 pendant la Seconde Guerre Mondiale, la ligne de démarcation coupait la France en deux grandes zones principales, délimitant la zone occupée par l'armée allemande de la zone non occupée. Le 10 juillet 1940, le Parlement vote les pleins pouvoirs au maréchal Pétain qui promulgue "l'Etat français" et s'engage peu après dans une politique de collaboration avec l'occupant nazi.
Longue d'environ 1200 kilomètres, la ligne de démarcation part de la frontière espagnole, au niveau de la commune d'Arnéguy, dans le département des Basses-Pyrénées (les Pyrénées-Atlantiques), passe ensuite par Mont-de-Marsan, Libourne, Confolens et Loches ; puis elle remonte jusqu'au nord du département de l'Indre pour bifurquer à l'est et, après avoir traversé Vierzon, Saint-Amand-Montrond, Moulins, Charolles et Dole, elle rejoint la frontière suisse au niveau de Gex.
Il n'était possible de la franchir qu'en obtenant très difficilement un Ausweis (carte d'identité) auprès des autorités d'occupation.
Son but était de rendre docile le Gouvernement français situéà Vichy : les trois quarts du blé et du charbon français étaient produits en zone occupée, ainsi que presque tout l'acier, le textile et le sucre. La zone libre était donc très dépendante de l'Allemagne.
Elle sera supprimée le 1er mars 1943.
Nous parlions d'Histoire et d'histoire(s). Je me souviens avoir des recherches sur les origines du nom d'un monument moulinois, "La mal-coiffée".
La Mal-coiffée. Un nom original pour une construction. Mais tout s'explique. En fait, il s'agit de la tour carrée du château des Ducs de Bourbon qui se trouve dans le centre-ville de Moulins, construite au XIVème siècle. C'est en la voyant que Louis II s'est exclamée : "C'est une belle tour, mais elle est mal coiffée." Tout simplement. Après l'incendie de 1775 qui ravagea l'édifice, elle fut convertie en prison, puis en prison allemande du 19 juin 1940 au 25 août 1944. Des milliers de résistants et de Juifs y ont été détenus. Le régime de cette prison se durcit à partir du 22 janvier 1943 lorsqu'elle passe sous la direction du Docteur Maas, devenant fief de la Gestapo, de la Feldgendarmerie, de l'armée et des interrogatoires faits de tortures.
Le 28 janvier 1944, Maurice Tinland est arrêté. Il est le chef des M.U.R. (Mouvements Unis de la Résistance). Yvonne Henri Monceau, auteure du livre "Une prison militaire allemande à Moulins, « La Mal Coiffée », a elle-même vécu une dizaine de jours de détention à la Mal Coiffée, à partir du 25 février 1944, jour de son arrestation. Elle fait part des tortures qu'a subi Maurice Tinland.
"Il reçut des coups de poings sur la figure : dents cassés, lèvres fendues, du sang gicle. Un Allemand crie parce que le parquet est sali de son sang, et Tinland, qui souffre, sera obligé de nettoyer… Mais cela n’est rien. L’interrogatoire continue à coup de poings et à coups de pied. Ils sont trois pour cette triste occupation : deux Allemands et un Français – un Français de Moulins… Tinland recevra, durant ce premier interrogatoire, sur son torse nu, deux cent cinquante coups de trique, espèce de corde à nœuds…
Après une semaine de cachot, Tinland remonte pour un second interrogatoire. La Gestapo de Vichy veut savoir ce qu’il a fait, veut connaître les rouages de l’organisation. Cette fois ils sont cinq pour le battre avec un nerf de bœuf – sur tout le corps, sur le ventre. Tinland perd connaissance. Dès qu’il revient à lui, les brutes recommencent. Nouvel évanouissement. Il aura ainsi trois syncopes. Dès qu’il ouvre les yeux, l’interrogatoire se poursuit. On le menace d’aller chercher sa mère – sa mère – et de lui faire subir la même torture. Il n’a aucune réaction, il ne parle pas. On lui met le revolver contre la figure, on menace, de tirer. Il ne parle pas. Fusillé pour fusillé, pense-t-il, mieux vaut que cela soit tout de suite. Tinland est si faible après ce second interrogatoire que les Allemands n’osent pas le redescendre au mitard. Ses bras sont noirs de sang caillé. Pour parer les coups, instinctivement, il avait gardé les bras en l’air, et les vaisseaux avaient éclaté sous le reflux de sang.
Et pendant dix terribles semaines, quand ce n’est pas lui qui est torturé ou battu, Tinland entendra torturé les autres. Au fond de son mitard, il essaye de se boucher les oreilles. Il croit qu’il va devenir fou. Plus tard il dira : “ C’était cela le plus dur, imaginer le martyre des autres et rester là impuissant, dans l’attente des mêmes souffrances ». Car les Allemands ont le génie de la torture. Ils s’attaquaient de préférence aux parties sexuelles, s’en servaient de pelote àépingle, les tordaient avec la main ou avec un fil de fer, les faisaient griller avec un journal enflammé ou les arrachaient avec une tenaille, et les malheureux traités ainsi mouraient avant de regagner leur chambre […] et les atrocités continuent : la tenaille pince, arrache les ongles ou écrase simplement le bout des doigts… La baignoire : une baignoire toute simple, qui se trouvait dans la petite cour du sud-ouest, essayera d’arracher de aveux à un chef du maquis du Puy-de-Dôme. Ce n’est pas difficile. On immerge la tête du questionné sous l’eau. Quand sa figure devient bleue, qu’il va se noyer, on lui soulève la tête hors de l’eau. S’il ne répond pas aux questions posées, on recommence… ” » CF : PRISONS CHERCHEMIDI MAUZAC
Maurice Tinland a été libéré le libéré le 25 août 1944 avec d’autres détenus, puis en octobre 1947, à l'âge de 32 ans, il est élu maire de Moulins avant de se consacrer à partir de 1959 à sa carrière d'avocat. Il décède le 29 mars 1963.
Mais si nous sommes ici rassemblés en ce jour béni de septembre 2018, c'est pour nous visiter le Centre national du costume de scène et de la scénographie, ou plus simplement le CNCS. Et justement, le voici, là, derrière la vache...
![Moulins, les vaches]()
Ah ben oui !
Y'a des vaches ici, devant le CNCS !
![moulins, la vache (03)]()
![Moulins, les vaches (03)]()
![Moulins, les vaches]()
Il s'agit en fait d'une autre exposition nommée "Oh la vache !". Dix huit ruminants décorés par dix huit artistes locaux. Comme à Barcelone, New York, Sydney ou Tokyo. Mais ici, nous sommes à Moulins ! Pourquoi des vaches ? Pourquoi faire la même chose que les autres ? Y'a-t-il un manque d'originalité dans le coin ?
Le maire de la ville, Pierre-André Périssol, explique qu'il souhaite voir l'art sortir des musées et qu'il vienne directement au contact de la population". Cette cowparade vient compléter le projet de ré-aménagement des berges de l'Allier auxquelles le maire et ses élus souhaitent donner une dimension artistique.
Allez,
allons maintenant au CNCS !
Une fois les vaches passées et la route traversée, j'entre dans la grande cour du bâtiment accueillant le musée. Il s'agit d'une ancienne caserne militaire construite au XVIIIème siècle, puis restauré par François Voinchet, architecte en chef des monuments historiques, s’est accompagnée de la construction d’un nouveau bâtiment pour les réserves de costumes (1 730 m2).
J'étais déjà vu ici en décembre 2009 pour voir l'exposition "Opéras russes à l'aube des ballets russes". Aujourd'hui, ce sont les contes qui sont mis à l'honneur.
À gauche de l'entrée du musée, des panneaux permettent aux gens de se prendre en photo dans les "costumes" des personnages que nous allons croisés.
![Moulins, Centre national du costume de scène, contes de fées, sur le parvis (03)]()
J'entre dans l'établissement.
LE CENTRE NATIONAL DU COSTUME DE SCÈNE
ET DE LA SCÉNOGRAPHIE
Après un rapide passage par l'accueil où l'on te propose programmes et autres guides audios, j'entre dans la première salle d'exposition permanente. Celle-ci est consacrée au danseur classique, chorégraphe et directeur de ballet Rudolf Noureev (1938-1993).
SALLE NOUREEV
![Moulins, Centre national du costume de scène, salle Noureev (03)]()
Considéré comme l'un des plus grands danseurs classiques et chorégraphes, il était l'un des meilleurs interprètes du répertoire classique, mais il affirma aussi son talent dans la danse contemporaine et fut l'un des premiers danseurs à s'intéresser de nouveau au répertoire baroque, surnommé le Seigneur de la Danse.
![Moulins, Centre national du costume de scène, salle Noureev]()
![Moulins, Centre national du costume de scène, salle Noureev]()
Une centaine de pièces (mobilier, instruments de musique, textiles, tableaux, gravures, sculptures, costumes de ville et de scène, photographies et films) sont présentés ici, évoquant à la fois la vie artistique de Rudolf Noureev et son esthétique personnelle.
Deux vitrines consacrées aux costumes de ballet de Noureev et de ses partenaires, ainsi que des maquettes des décors, un auditorium où est diffusé un documentaire sur la vie du danseur. Suivent une salle avec des photos et une autre avec des instruments de musique, des textiles, des vêtements orientaux, la reconstitution d’une partie du séjour de l’appartement au 23 quai Voltaire, à Paris ; puis la maquette du tombeau de Rudolf Noureev qui repose au cimetière de Sainte-Geneviève-des-Bois, en région parisienne.
"Composé de milliers de mosaïques, il représente un filin, ultime hommage à l’Orient dont Noureev était originaire, placé au-dessus des malles de l’errance, évocation de sa vie de nomade et de son sentiment d’apatride. Cette vie faite de voyages est également matérialisée grâce à la présentation de ses passeports autrichiens, de son sac de voyage et de nombreux objets que Noureev dénichait lors de ces promenades à travers le monde." CNCS
Je quitte le rez-de-chaussée et la salle Noureev pour monter à l'étage et entamer la visite de l'exposition événementiel : "Contes et fées".
CONTES ET FEES
![Moulins, Centre national du costume de scène, contes de fées, 1) entrée]()
C'est un costume de Blanche-Neige posé sur une pile de livres factices qui nous accueille et nous faire entrer dans un univers d'histoires. Face à cette construction, un écrit nous annonce le programme de la visite :
"Dans ce voyage en compagnie de costumes provenant d'une quinzaine de spectacles, on rencontrera des fées, des sorcières et des magiciens, soit des créatures d'autres mondes, et aussi des animaux et des objets auxquels la parole a été donnée. Le conte de fée couvre un champ bien plus large que celui du seul monde des fées et quelques-unes des escales présentées ici relèvent du fantastique et de l'irréalité.
Bien avant la publication des contes, les fées hantaient déjà les théâtres qui en assuraient la diffusion. Elle-même facteur d'évasion et de rêve, la scène constituait le vecteur idéal pour la propagation de cet héritage commun.
Mis à la mode grâce à Charles Perrault pendant le règne de Louis XIV, le conte de fées devint pendant près d'un siècle une sorte de parcours obligé pour les gens de plume, puis les soubresauts de la Révolution Française mirent pendant un temps princes et princesses aux oubliettes de l'Histoire. Sous l'Ancien Régime, la constitution de ce corpus littéraire servit de base pour des divertissements du théâtre public ou privé, représentés aussi bien dans des lieux populaires que devant la cour.
Au fil du temps, de nombreux spectacles, dans tous les genres, opéra, théâtre, ballet, pantomime, marionnettes, cirque,... s'inspireront des contes, jusqu'à créer un genre : la féerie. Ce sera une des formes théâtrales les plus courues au XIXème siècle, attirant un public populaire avide de merveilleux.
A la fin du XIXème siècle, sur les scènes des théâtres, les fées ont changé de costume, elles ont jeté leurs baguettes par-dessus les miullins, ont raccourci leurs jupes et échancré leurs décolletés. Bientôt, elles seront girls au music-hall, encore quelques années et elles se couperont les cheveux et tenteront une carrière au cinéma, grand pourvoyeur de rêve au siècle suivant.
Sans paroles, mais grâce au langage universel de la danse, la féerie va garder une bonne part de sa poésie dans le domaine du ballet, royaume féminin en grande partie. Nul besoin de logique dans le déroulement de l'intrigue, ni de précision dans le cadre géographique et chronologique. Le fil le plus ténu est suffisant pourvu que les impressions visuelles fassent oublier pendant deux actes au spectateur la pesanteur de sa condition humaine.
Les livrets de tous ces spectacles inspirés des contes les détournent parfois quelque peu pour les mettre à la mode du temps, mais gardent leur principe premier, l'aspect moral de la lutte entre le bien et le mal, le voyage initiatique de l'adolescence à l'âge adulte et les épreuves dont le héros ou l'héroïne, dans sa quête de l'amour et du bonheur, sort vainqueur. L'action se déroulant dans des mondes à la fois réels et imaginaires, tous les règnes peuvent coexister. Un grand mélange de créatures magiques, humains et animaux, végétaux aussi, représentant en fait toute la création, occupe la scène. (...)
Dès le début du XXème siècle, les études sur le matériau des contes de fées abondent. Le nombre et la diversité des publications pour la jeunesse vont encore davantage populariser les contes, étendant leur domaine à des récits venus du monde entier. De grands illustrateurs, faisant suite aux Daumier, Doré, Grandville,... leur donneront des couleurs. Les spectacles pour enfants puiseront dans ce répertoire. Mais le dessin animé et le cinéma seront les plus grands propagateurs des contes dans le monde entier. Walt Disney deviendra la référence absolue, dessinant les visages et expressions de méchante reine.(...)"
Je commence la visite par les salles 1 et 2, les mondes de la féerie en blanc et noir...
"Dans les contes, les fées et les sorcières, personnages féminins à priori, mais il n'en est pas toujours ainsi... sont les manipulatrices des destins. Les humains ne peuvent échapper à leurs sorts, même si une correction de la prophétie reste toujours possible. À la scène, les costumiers vont adorer habiller ces personnages opposés en jouant sur tous les contrastes possibles, léger et lourd, clair et sombre, court et long, brillant et mat, orné et dépouillé..."CNCS
SALLE 1 : les fées
![Moulins, Centre national du costume de scène, contes de fées 2) Princesses et fées (03)]()
Un monde de blanc, de tutus et de pourpoints : tulle, plume, bijou pour princes, princesses et fées, ornements brodés et pailletés... Contraste complet avec la seconde salle.
SALLE 2 : Les sorcières
"On trouve les carabosse qui sont l'autre facette des contes, celui du mal, des sorcières,... Dans le ballet La Belle au bois dormant, le costume de la fée Carabosse, rôle qui peut être dansé par une femme ou un homme, est le contraire de celui des fées. Robe longue dans des teintes sombres, noir, violet, rouge foncé, au lieu des tutus courts et brillants des petites fées."CNCS
![Moulins, Centre national du costume de scène, contes de fées, 1) les sorcières, affiche (03)]()
![Moulins, Centre national du costume de scène, contes de fées, 2) Les sorcières (03)]()
![Moulins, Centre national du costume de scène, contes de fées, 2) les sorcières]()
![Moulins, Centre national du costume de scène, contes de fées, 1) les sorcières]()
Belle mise en scène et belle mise en valeur des costumes, des tissus, des matières, sous la lumière, entre ombres et lumières.
Je retraverse le hall pour rejoindre la salle suivante.
SALLE 3 : Si Peau d'âne m'était conté.
Écrit par Charles Perrault et paru en 1694, il s'agirait du premier conte de fée français écrit.
L'HISTOIRE :
Mourante, une reine se fait promettre par le roi de ne prendre pour nouvelle épouse qu'une femme plus belle qu'elle. Mais la seule personne capable de rivaliser avec sa beauté n'est autre que sa propre fille, et le roi la demande en mariage. Pour échapper à cette union incestueuse et sur les conseils de sa marraine, la princesse demande à son père par trois fois, pour sa dot, des robes irréalisables: elle demande d'abord une robe couleur de ciel d'orage, puis une robe couleur de lune et enfin une robe couleur de soleil. Mais contre toute attente, il parvient toujours à les lui offrir. Elle lui demande alors de sacrifier son âne qui produit des écus d'or en guise de crottin, son plus précieux trésor, et le roi s'exécute. La princesse s'enfuit alors du château, revêtue de la peau de l'âne. Elle emporte avec elle sa toilette et ses plus belles robes.
Le prince d’un autre royaume, où s'est installée Peau d'âne comme servante, la voit, mais il ne la reconnaît pas sans ses tenues de princesse. Il demande alors que Peau d'âne lui fasse un gâteau. En faisant la galette, elle laisse tomber sa bague dans la pâte. Le prince demande immédiatement que toutes les femmes et demoiselles du pays, de la plus noble à la plus humble, viennent essayer la bague. Aucune ne peut passer cette dernière. Enfin, on fait venir Peau d'âne. Son doigt entre dans la bague et le prince peut alors l'épouser.
![Moulins, Centre national du costume de scène, contes de fées, 3) Peau d'âne (03)]()
Cette oeuvre de Charles Perrault, en vers, contient déjà les éléments principaux des récits de ce genre : une jeune princesse passant de l'insouciance au malheur, l'intervention d'une marraine-fée, des épreuves, une fin heureuse avec un mariage princier après une scène de reconnaissance grâce à une bague. La jeune fille prend son destin en main et s'en trouve récompensée.
![Moulins, Centre national du costume de scène, contes de fées, 3) Peau d'âne]()
La chorégraphie de ce conte, jouée par la Compagnie de danse L'éventail en 2015, a été assurée par Marie-Geniève Massé avec des costumes créés par Olivier Bériot. Ce dernier a mélangé les styles en "décoiffant" le conte autour du personnage central de la princesse. Le choix des musiques, les styles de danse, les esthétiques des costumes parcourent le temps, de l'ère baroque à nos jours, tout en respectant la lisibilité du conte.
Le costume de la fée est très original avec son tutu posé sur des ballons jaunes, ses guêtres et son parapluie qui remplace sa baguette magique.
SALLE 4 : Casse-Noisette
Présenté pour la première fois le 18 décembre 1892, Casse-Noisette est un ballet-féerie de Piotr Ilitch Tchaïkovski en deux actes, soit trois tableaux et 15 scènes. La musique, confiée à Tchaïkovski est certainement une des musiques de ballet les plus populaires aujourd'hui et une des œuvres de Tchaïkovski les plus appréciées. Véritable fable sur le passage de l'enfance à l'adolescence, Casse-noisette se base sur le thème immortel de l'amour et des forces du mal, à l'instar du Lac des cygnes. L’histoire est inspirée de la version d'Alexandre Dumas du conte d'Hoffmann, intitulée Casse-Noisette et le Roi des souris ou Histoire d'un casse-noisette.
L'HISTOIRE :
Le soir de Noël, Clara reçoit de son oncle un casse-noisette. Pendant la nuit, une merveilleuse féerie commence : dans le salon, les jouets s'animent et le casse-noisette se transforme en prince…
![Moulins, Centre national du costume de scène, contes de fées, 4) Casse Noisette (03)]()
![Moulins, Centre national du costume de scène, contes de fées, 4) Peau d'âne]()
Cette salle ou vitrine expose les costumes de deux créations différentes de Casse-Noisette.
La première chorégraphiée par Michel Rahn d'après Marius Petipa et Lev Ivanov, avec des costumes de Charles Cusick-Smith et Phil R.Daniels, jouée au Théâtre du Capitole en 2009. Cette version est très proche de celle de la création originelle. Les costumes sont traditionnelles. Ceux des rats sont très élaborés ; les vestes, les culottes et les têtes étant faits de trois sortes de fausse fourrure différentes.
La seconde fut chorégraphiée par Jeroen Verbruggen avec des costumes de la Maison de couture "On aura tout vu", jouée au Grand Théâtre de Genève en 2014. Cette version est "haute couture" avec une dimension de folie que l'on retrouve dans la maison "On aura tout vu". Tatouages, bijoux baroques, éléments bizarres, écorché, rappellent la démesure du travail de la mode.
La version d'Alexandre Dumas a servi de livret au ballet du chorégraphe Marius Petipa. Depuis sa création à la fin du XIXème siècle à Saint-Petersbourg, ce ballet a connu de multiples variantes. Il est souvent représenté pendant la période de Noël, la première scène se déroulant le soir du 24 décembre.
SALLE 5 : Le Coq d'Or
Opéra en trois actes de Nikolai Rimski-Korsakov composé d'après le conte en vers de Pouchkine, cet opéra a été composé une dizaine d'années avant la révolution de février 1917.
L'HISTOIRE :
Pour protéger les frontières de son royaume, Le roi Dadon utilise un coq magique, donné par un mystérieux mage, en échange de la réalisation d’un vœu. Le coq d’or chante à chaque fois qu’une armée ennemie se présente et le roi a tout le temps d’organiser son armée pour résister à l’envahisseur. Mais un jour le coq signale l’arrivée de la reine Sharagale. Le roi tombe éperdument amoureux de cette femme mystérieuse et décide de l’épouser. C’est alors que le mage formule le vœu que le roi lui avait promis d’exaucer en échange du coq d’or. Il réclame la reine elle-même. Le roi refuse et tue le mage. Le coq s’abat sur le roi pour le tuer à ton tour tandis que la reine disparaît pour toujours...
![Moulins, Centre national du costume de scène, contes de fées, 5) Le coq d'Or]()
Les costumes ont été créés par Tornio Mohri pour les représentations au Théâtre du Chatelet en 1984. Fabriqués dans des ateliers au Japon, ils sont faits comme un patchwork de textiles différents aux coloris très vifs. Devenus des personnages de kabuki, ou de mangas, les interprètes évoluaient devant un fond de scène bleu qui avivait les teintes.
Le costume du Coq d'Or est entièrement réalisé en textiles de cette teinte. La très grande envergure des ailes ne permettait à la chanteuse la station debout.
![Moulins, Centre national du costume de scène, contes de fées, 5) Lr coq d'or]()
Le livret de cet opéra de Rimski-Korsakov, inspiré du conte russe écrit par Pouckine, met en scène un roi ridicule, des courtisans incapables, un magicien roublard, une méchante reine et un coq magique. La censure impériale s'alarma de cette insolence et interdit la représentation de l'oeuvre du vivant du compositeur. Le Coq d'or fut créé en France par les ballets russes de Diaghilev dans une version chantée et dansée.
![Moulins, Centre national du costume de scène, contes de fées, 5) Le coq d'or (03)]()
Étonnante composition. Les costumes semblent lourds en plus d'être grands. Je me demande comment les danseurs-chanteurs-acteurs pouvaient se mouvoir sur scène avec de tels effets..
Salle 6 : Cendrillon
Si Cendrillon semble trouver sa source dans sa "source" dans les versions fixées par Giambattista Basile dans La gatta Cenerentola, Charles Perrault dans Cendrillon ou la Petite Pantoufle de verre et par les frères Grimm dans Aschenputtel, il en existe une multitude de versions de par le monde, dont certaines sont très différentes de celles connues en Occident.
On parle aussi d'une inspiration due à une jeune femme prénommée Mathilde de Morimont qui vécut entre le XIème et XIIème siècle au château du Morimont (Burg Mörsberg) se trouvant sur la commune d'Oberlarg (Haut-Rhin).
"L'histoire d'une jeune orpheline, gardeuse d'oies, qui reçoit de sa marraine une pomme susceptible d'exaucer trois voeux. Grâce à ce fruit magique, Mathilde acquiert une robe magnifique et se rend par deux fois au bal organisé par un chevalier aussi beau que riche. Problème : à minuit, la belle redevient invisible. Le chevalier, au désespoir, fait rechercher celle qui a conquis son coeur, parvient à la retrouver grâce à une bague qu'il lui avait offerte et finit par l'épouser."L'EXPRESS
Ce seront Charles Perrault en 1697, puis les frères Grimm en 1812, qui fixeront ce conte sous la forme qu'on lui connaît dans l'imaginaire collectif.
L'HISTOIRE :
"Après la mort de sa femme, le père de Cendrillon, un noble, se remarie avec une femme odieuse. La belle-mère de Cendrillon a deux filles, Javotte et Anastasie, tout aussi odieuse que leur mère. La belle-mère est jalouse de Cendrillon, qui est douce et gentille. Elle la force à s'occuper de toutes les tâches ménagères et à dormir dans le grenier. Cendrillon n'ose rien dire à son père de peur qu'il la gronde. Après sa journée de travail, Cendrillon a pour habitude de s'asseoir dans la cendre de la cheminé (de là vient sur surnom). Malgré la cendre qui salisse ses habits et ses mains, sa beauté n'a pas d'égale.
Le prince convie tous les nobles de son royaume à un bal. Cendrillon aide ses belles-sœurs, Javotte et Anastasie, à se préparer et les regardent partir au bal, impuissante. Cendrillon fond en larmes. Mais la marraine de Cendrillon apparaît. C'est une fée. Elle demande à Cendrillon de lui apporter une citrouille qu'elle transforme en carrosse. Puis elle transforme un rat en cocher et dix lézards en laquais. Pour finir, elle transforme les habits sales et déchirés de Cendrillon en une robe magnifique. Avant de partir, la marraine avertit Cendrillon que le sortilège prendra fin à minuit et qu'elle devra être partie avant.
Ayant retrouvé ses habits sales et déchirés, Cendrillon retrouve sa belle-mère et ses belles-sœurs. Elles lui raconte qu'une très belle inconnue à danser avec le prince. Cendrillon feint d'être surprise.
Le lendemain, Cendrillon retourne voir le prince dans son carrosse et sa tenue de bal. Elle ne voit pas filer le temps et s'enfuit au premier coup de minuit. Elle perd un soulier dans sa course. Le prince le trouve et Cendrillon arrive chez elle à bout de souffle. Cendrillon apprend que le prince veut retrouver la belle inconnue du bal : il fait essayer la pantoufle à toutes les femmes nobles du royaume. Un gentilhomme se présente chez le père de Cendrillon et fait essayer le soulier à Javotte et Anastasie. Impossible pour elles de l'enfiler. Cendrillon en vient à essayer la pantoufle qui lui va comme un gant. Elle sort la deuxième qu'elle avait cachée dans sa poche. La marraine apparaît, lui rend ses beaux habits. Ses belles-sœurs présentent des excuses que Cendrillon accepte. Cendrillon va à la cour pour se marier avec le prince. Elle mariera ses belles-sœurs Javotte et Anastasie à deux grands chevaliers."EDUCATION TOUT COMMENT
![Moulins, Centre national du costume de scène, contes de fées, 6) Cendrillon (03)]()
![Cendrillon]()
Les costumes présentés ici, à Moulins, sont issus du conte de fées en quatre actes de Jules Massenet, mis en scène par Banjamin Lazar pour l'Opéra Comique en 2011. Les costumes sont d'Alain Blanchot. Le costume du roi est garni d'hermine, fourrure royale, faite d'une fausse fourrure blanche ornée de multiples petits noeuds.
Salle 7 : Barbe Neige et les sept petits cochons
![texte]()
Et si on imaginait une autre fin...
"C'est ce qu'a fait la chorégraphe Laura Scozzi pour ce spectacle. Elle s'est posée des questions : que se passerait-il si la Belle au Bois Dormant ne se réveillait pas, si Cendrillon ne retrouvait pas sa pantoufle, si Blanche-Neige était noire ?
Alors, elle a imaginé d'autres façons d'écrire l'histoire... l'amour toujours, les princesses blondes aux yeux bleus dont la vie se résume à attendre la prince charmant ? Bobards et compagnie ! Laura a inventé un plan B et c'est un autre monde... On y croise une abeille qui tue un ours, une fée handicapée de la baguette ou un nain harcelé par sept Blanche-Neige nymphomanes...
revus par la chorégraphe italienne, aiguillonnés par les trilles du grand Paganini, nos gentils petits héros se livrent à un jeu de massacre dont les contes de notre enfance sortent groggys."CNCS
![Moulins, Centre national du costume de scène, contes de fées, 7) Barbe-Neige (03)]()
c'est une fable subversive, à la croisée de la danse, du mime et du théâtre, servie par huit danseurs hip-hop.
Juste à côté de cette petite salle, une autre petite salle.
Salle 8 : Seigneur Riquet et Maître Haydn
L'HISTOIRE :
Le prince Riquet à la Houppe est très laid, mais plein d'esprit. À sa naissance, la fée sa marraine lui octroie le pouvoir de donner de l'esprit à la personne qu'il choisira. De son côté, la princesse Rose est très belle, mais très sotte. Elle a reçu de la fée le don de transformer celui qu'elle aimerait.
Les jeunes gens finiront par s'entendre et s'épouser, après avoir donné beauté et esprit à qui en manquait.
![Moulins, Centre national du costume de scène, contes de fées, 8) Seigneur Riquet et Maitre Haydn (03)]()
La Compagnie de marionnettes Emilie Valantin et le Quatuor Debussy se sont associés pour en donner une version musicale pleine d'invention. Habillées par Emilie Valantin, les 35 marionnettes composent un monde lilliputien de personnages bien campés dont les sentiments sont parfaitement discernables.
Salle 9 : Hansel et Gretel
Ce sont les costumes de la version lyrique d'Humperdinck qui sont présentés. Opéra romantique en trois actes d'après le conte éponyme popularisé par les frères Grimm, il fut composéà Francfort-sur-le-Main en 1891, puis créé le 23 décembre1893 à Weimar sous la direction de Richard Strauss.
L'HISTOIRE :
Acte I : Chez eux , Hansel et Gretel essayent d'oublier qu'ils ont faim en chantant et en dansant. Cependant Gertrud se rend compte que les enfants ne travaillent pas et les envoie chercher des fraises dans la forêt. Elle reste seule et se lamente de sa situation et de sa pauvreté. Puis, son mari Peter revient d'une journée réussie chargé de nourriture. Peter en vient à parler à Gertrud de l'existence d'une sorcière mangeuse d'enfants. Aussitôt Gertrud s'inquiète et part avec Peter à la recherche de leurs enfants dans la forêt.
Acte II :Dans la forêt les enfants mangent toutes les fraises qu'ils sont en train de récolter en imitant les oiseaux. Voulant en récolter toujours d'avantage, la nuit tombe et ils se retrouvent perdus et effrayés. Ils prient et cherchent à se rassurer. Le marchand de sable leur verse du sable magique sur les yeux, ils s'endorment, et des anges descendus du ciel viennent les secourir.
Acte III : Les enfants se réveillent lorsqu’ils reçoivent les gouttes de rosée que leur lance une fée. Gretel raconte son rêve avec l'intervention des anges. Hansel affirme lui aussi avoir rêvé d'anges. Soudain, cherchant par où sont partis les anges, ils découvrent l'existence d'une maison en pain d'épices. A la vue de celle-ci, ils se précipitent et commencent à la grignoter. La sorcière mangeuse d’enfants les découvre et leur jette un mauvais sort: Hansel est capturé, engraissé par Gretel; la sorcière voulant les transformer en pain d'épices en les engraissant. Puis, lorsqu'elle s'envole sur son balai magique, Gretel ayant observé comment la sorcière jette ses sorts parvient à briser l'ensorcellement de la sorcière sur Hansel. Au retour de la sorcière les enfants parviennent à la duper en l'enfermant dans un four. Ils en profitent alors pour délivrer tous les autres enfants que la sorcière avait capturés. Les enfants retrouvent leurs parents et remercient Dieu d'avoir exaucé leur prière.
![Moulins, Centre national du costume de scène, contes de fées, 9) Hansel et Gretel (03)]()
Les costumes présentés sont d'Anthony Ward. Ils ont illustré le conte lyrique d'Humperdinck mis en scène par Adrien Noble lors des représentations au Staatsoper à Vienne, en 2015.
"Cette version condense le récit en le ramenant à cinq personnages principaux : le père, la mère, la sorcière, les deux enfants. Dans le livret, l'accent est mis sur les aventures des enfants dans la forêt et leur courage.
La forêt est un des lieux les plus souvents évoqués dans les contes. Sombre objet de la terreur et de tous les fantasmes, c'est un lieu maléfique où règnent soit des brigands, soit des êtres magiques, géants, ogres, sorcières... Les enfants s'y perdent, y font de mauvaises rencontres.
Le metteur en scène et le costumier ont proposé pour ce spectacle trois univers différents : celui des enfants et de leurs parents, habillés de lainages et de tricots, celui des créatures féeriques, le Marchand de sable et la fée de la Rosée, en longs costumes blancs et bleus, celui de la sorcière Grignotte, plus folklorique que redoutable."CNCS
Le marchand de sable porte sur un pyjama
un long manteau imprimé d'un ciel de nuages,
une horloge à la ceinture,
un parapluie scintillant d'étoiles.
Salle 10 : Le songe d'une nuit d'été
Écrite en 1594-1595, puis publié par Shakespeare en 1600, cette pièce inspira de nombreux compositeurs et chorégraphes. Benjamin Britten crée son opéra trois siècles plus tard exactement. Son livret réduit quelque peu celui de Shakespeare, le resserre en nombre de scènes et de protagonistes, et fait prédominer l'élément féerique dès le début de l'oeuvre, immergeant le spectateur dans le rêve et dans la forêt magique.
L'HISTOIRE :
C'est une histoire complexe dont l'action se déroule en Grèce et réunit pour mieux les désunir deux couples de jeunes amants : Lysandre et Hermia d'une part, Démétrius et Héléna d'autre part. Hermia veut épouser Lysandre mais son père, Égée, la destine à Démétrius, dont est amoureuse Héléna. Lysandre et Hermia s'enfuient dans la forêt, poursuivis par Démétrius, lui-même poursuivi par Héléna. Pendant ce temps, Obéron, roi des fées, a ordonnéà Puck de verser une potion sur les paupières de sa femme, Titania. Il entre dans la forêt avec Puck. Pendant la nuit, la confusion règne.
En résumé : Deux couples d'amoureux transis, une dispute entre le roi des elfes et la reine des fées, Puck et sa potion qui s'en mêle, et une troupe de comédiens amateurs qui prépare une pièce pour le mariage d'un prince, tous vont s'entrecroiser dans cette forêt étrange, un peu magique, le temps d'une nuit d'été ensorcelante qui ressemble à un rêve.
Ou encore :
![le songe d'une nuit d'été]()
Ainsi, dès le lever du rideau, l'enchantement entraîne le spectateur dans un autre monde, une sombre forêt argentée par la lumière de la lune. Elle semble vivante.
![Moulins, Centre national du costume de scène, contes de fées, 10) Le songe d'une nuit d'été (03)]()
Conçus par John et Elizabeth Bury, les costumes présentés ont été créés pour la mise en scène de Peter Hall au festival de Glyndebourne, en 1981.
"Le costumier a habillé le premier acte dans un style historique élisabéthain, détourné par des éléments touchant au fantastique, comme les oreilles de faunes ou les hautes perruques. Les voix d'enfants -pour lesquelles Britten écrivit si souvent et de façon magistrale- ajoutent au charme pénétrant de cette vision." CNCS
Salle 11: Alice au pays des Merveilles
En 1865, Lewis Caroll écrit ce conte, très vite adaptéà la scène, puis à l'écran avec le dessin animé de Walt Disney en 1951. Certes, il n'y a pas de fées dans Alice, mais un monde merveilleux et absurde où tout peut arriver, où l'échelle est bouleversée, les relations mises à mal. Animaux, personnages du jeu de cartes se conduisent et parlent comme des êtres humains.
Le roman foisonne d'allusions satiriques aux amis de l'écrivain et aux leçons que les écoliers britanniques devaient mémoriser à l'époque. Le pays des merveilles, tel qu'il est décrit dans le conte, joue sans cesse avec la logique.
L'HISTOIRE :
Alice s'ennuie auprès de sa sœur qui lit un livre ("sans images, ni dialogues") tandis qu'elle ne fait rien. "À quoi bon un livre sans images, ni dialogues ?", se demande Alice. Mais voilà qu'un lapin blanc aux yeux roses vêtu d'une redingote avec une montre à gousset passe près d'elle en courant. Cela ne l'étonne pas le moins du monde. Pourtant, lorsqu'elle le voit sortir une montre de sa poche et s'écrier : « Je suis en retard ! En retard ! En retard ! », elle se dit que décidément ce lapin a quelque chose de spécial. En entrant derrière lui dans son terrier, elle fait une chute presque interminable qui l'emmène dans un monde aux antipodes du sien. Elle va rencontrer une galerie de personnages retors et se trouver confrontée au paradoxe, à l'absurde et au bizarre…
![Moulins, Centre national du costume de scène, contes de fées, 11) Alice (03)]()
La chorégraphie de ce spectacle a été conçue par Michel Rahn pour les représentations à la Halle aux grains en 2010, à Toulouse. Les costumes sont de Charles Cusik-Smith et de Phil R. Daniels, costumiers d'Outre-Manche, versés dans la culture ès-Caroll.
"Presque toutes les versions scéniques et cinématographiques reprennent les costumes dessinés par John Tenniel, dont les couleurs sont fixées par une édition postérieure et par le dessin animé. Robe bleue et tablier blanc d'Alice, veste à carreaux du lapin blanc, tenues du roi, reine, valet et cartes... Les textiles utilisés, notamment des lainages et des tweeds, relèvent du chic anglais."CNCS
![Moulins, Centre national du costume de scène, contes de fées, 11) Alice]()
![Moulins, Centre national du costume de scène, contes de fées, 11) Alice]()
Salle 12 : La belle et la bête - La Belle
L'HISTOIRE :
Une jeune femme prénommée Belle se sacrifie pour sauver son père, condamnéà mort pour avoir cueilli une rose dans le domaine d'un terrible monstre. Contre toute attente, la Bête épargne Belle et lui permet de vivre dans son château. Elle s'aperçoit que, derrière les traits de l'animal, souffre un homme victime d'un sortilège.
![Moulins, Centre national du costume de scène, contes de fées, 12) La belle et la bête (03)]()
Deux chorégraphes contemporains donnent leur versions de ces contes. Tout en gardant la trame narrative et les rôles principaux, ils y introduisent beaucoup d'eux-mêmes. Sur scène, ils donnent vie à leurs propres rêves et récits initiatiques.
Les premiers costumes qui nous sont donnés de voir ont été conçus par Jorge Gallardo pour la chorégraphie de Thierry Malandain, "La Belle et la bête", joué en 2016 à l'amphithéâtre de la Cité Internationale à Lyon. Les seconds costumes ont été réalisés par Philippe Guillotel pour la chorégraphie de J.-C. Maillot, "La Belle", jouée en 2001 au Grimaldi Forum de Monaco.
![Moulins, Centre national du costume de scène, contes de fées, 12) La Belle et la bête]()
"Le conte de Mme de Beaumont a donné lieu à de multiples lectures théâtrales. Dans sa version, Thierry Malandain tresse au récit les questions du destin et du libre-arbitre, du corps et de l'esprit, de la beauté et de la laideur, ressorts du conte qui joue sur la dualité des personnages principaux jusqu'à la fusion finale. (...)
Pour sa "Belle", J.-C. Maillot a choisi le conte de Perrault, plus noir et plus violent que celui de Grimm : la reine-mère est une ogresse qui tue la Belel et ses enfants. L'apparition de la Belle dans une bulle de plastique transparent qui sera crevée par ses soupirants, est un des grands moments du spectacle."CNCS
J'arrive au bout de ce grand couloir découpé en plusieurs pièces, plusieurs espaces, divers univers.
Il y a deux mondes dans la treizième pièce ;
une pièce à l'agencement originale.
Salle 13 : Rois et Reines
Dans un premier temps, nous découvrons les costumes de La Belle au bois dormant, d'après la chorégraphie de Rudolf Noureev, à l'Opéra National de Paris Bastille en 2013; et celle composée par Charles Jude pour le Grand Théâtre de Bordeaux en 2000. Ces deux chorégraphies sont adaptées de celles créées par Marius Petipa (1818-1910), danseur, maître de ballet et chorégraphe français qui vécut en Russie de l'âge de 29 ans jusqu'à sa mort.
![Moulins, Centre national du costume de scène, contes de fées, 13) Rois et reines (03)]()
"À partir du XIXème siècle et des ballets de Petipa, le costume de féeries va se fixer et le rester pour la plupart des reprises qui suivront.
Héritage de l'époque romantique, les fées seront en tutu, environnées de tulle pastel, couronnées de fleurs. Comme un éclair de lumière, elles traversent la scène au milieu des personnages de la cour, dont les tenues aux couleurs franches, plus ou moins historiques, contrastent avec les costumes sombres de la Fée Carabosse et de ses suivantes.
L'importance de la pantomime à l'époque de la création permet à la Fée des Lilas de porter une jupe longue ajustée et de chausser des ballerines à petit talon. Puis, le rôle s'étoffant, la technique se développant, le costume sera revu, souvent un tutu long qui contraste avec ceux, très courts, des autres petites fées.
Les princesses, les princes charmants, les fées bonnes ou méchantes deviennent les personnages privilégiés des grands ballets, construits comme des cérémonies, sublimés par des partitions de musiciens majeurs comme Tchaikovski."CNCS
![Moulins, Centre national du costume de scène, contes de fées, 13) Rois et reines]()
Salle 13 : L'enfant et les sortilèges
Il s'agit d'une fantaisie lyrique composée par Maurice Ravel sur un livret de Colette entre 1919 et 1925. La mise en scène fut réalisée par Alexandre Camerlo pour le Théâtre du Capitole de Toulouse en 2013. Les costumes originaux, ainsi que les décors, sont d'Henri Galeron.
L'HISTOIRE :
Dans une vieille maison de campagne, au beau milieu de l'après-midi, un enfant de sept ans est assis, grognon, devant ses devoirs d'école. La mère entre dans la pièce et se fâche devant la paresse de son fils. Puni, il est saisi d'un accès de colère : il jette la tasse chinoise et la théière, martyrise l'écureuil dans sa cage, tire la queue du chat ; il attise la braise avec un tisonnier, renverse la bouilloire ; il déchire son livre, arrache le papier peint, démolit la vieille horloge. « Je suis libre, libre, méchant et libre !… »Épuisé, il se laisse tomber dans le vieux fauteuil… mais celui-ci recule. Commence alors le jeu fantastique. Tour à tour, les objets et les animaux s'animent, parlent et menacent l'enfant pétrifié. Dans la maison, puis dans le jardin, les créatures exposent une à une leurs doléances et leur volonté de vengeance. Alors que l'enfant appelle sa maman, toutes les créatures se jettent sur lui pour le punir. Mais avant de s'évanouir, il soigne un petit écureuil blessé dans le tumulte. Prises de regret, les créatures lui pardonnent et le ramènent à sa mère en l'appelant en chœur avec lui. L’œuvre se termine par les deux syllabes chantées par l'enfant : "maman". (d'aprèsWIKIPEDIA)
![Moulins, Centre national du costume de scène, contes de fées, 13) L'enfant et les osrtilèges (03)]()
"Cette "féerie familière" fut commandée par Jacques Rouché, directeur de l'opéra, qui s'en explique ainsi :
"Depuis longtemps, je suis persuadé de la nécessité de donner aux livrets d'opéra une forme nouvelle, susceptible d'intéresser, de toucher et d'émouvoir nos jeunes spectateurs."
Confronté pour la première fois à une production théâtrale, le costumier a imaginé un monde animal tendre et évocateur. Le travail avec les ateliers de costumes a été primordial, tant pour la coupe et les formes, données par de la mousse, que pour le choix des textiles, matières et couleurs, leur traitement avec des touches de peinture et la fabrication des masques, découpés et munis de gaze pour laisser libres les oreilles et la bouche des chanteurs.
Henrri Galeron garde de cette unique aventure un grand souvenir, nourri du plaisir de la découverte,, celle de la scène, et du respect pour les équipes de production du Capitole, leur implication et leur ingéniosité, leur sens inné de l'invention comme du bricolage, mais toujours dans le respect des maquettes du créateur."CNCS
![Moulins, Centre national du costume de scène, contes de fées, 13) l'enfant et les sortilèges]()
"L'Enfant et les Sortilèges est une succession de tableaux indépendants mêlant une multitude de genres musicaux, du jazz au foxtrot en passant par un ragtime, une polka, un duo miaulé, une valse et, en conclusion, une pièce chorale. Ce fut pour Ravel l'occasion de démontrer l'ampleur de son génie orchestral, déployant toute sa palette et ayant recours, pour traduire les onomatopées dont regorge le livret de Colette, à des instruments pour le moins inhabituels: râpe à fromage, crécelle à manivelle, fouet, crotales, wood-block, éoliphone, flûte de lotus. Plus proche des actuelles comédies musicales que d'un opéra, L'Enfant et les Sortilèges est une œuvre sans équivalent dans le répertoire ravélien. Il exprime la sensibilité du compositeur en même temps que son goût pour la féerie et la minutie de son orchestration. Son art s'accommode à merveille avec l'humour et le non-conformisme de Colette. Mais comme souvent avec les œuvres singulières, l'accueil fut mitigé lors de la création, le 21 mars 1925, devant le public monégasque. Pourtant, le succès de cet opéra, aussi bien auprès des enfants que des adultes (car les niveaux d'interprétation sont nombreux), ne s'est jamais démenti depuis." WIKIPEDIA
![Moulins, Centre national du costume de scène, contes de fées, 13) l'enfant et les sortilèges]()
![Moulins, Centre national du costume de scène, contes de fées, 13) L'enfant et les sortilèges]()
La visite se termine sur cette note musicale et originale.
Je regagne l'escalier m'amenant au hall d'entrée avant de rejoindre la sortie, en pleine lumière du jour.