L'idée était venue de prendre un peu de hauteur, loin du bruit et de l'urbanisation. Le choix s'est alors porté sur le refuge des Oulettes de Gaube dans les Hautes-Pyrénées, au-dessus du lac de Gaube, lui-même situé au-dessus de Pont d'espagne, lui-même situé au-dessus de la ville de Cauterets, elle-même située au-dessus...
Quand soudain, ne voilà-t-il pas...
Siensien Sien retrouvé, nous pouvons donc reprendre notre périple dans les Hautes-Pyrénées avec pour objectif d'atteindre le refuge des Oulettes de Gaube, situéà quelques 2151 mètres d'altitude, au pied de cette montagne mythique pyrénéenne qu'est Le Vignemale, plus haut sommet des Pyrénées françaises.
Alors, où en étions lors du billet précédent ?
Refuge, Ogenne-Camptort, table d'orientation, rond-point, Cauterets, Victor Hugo,
gare, western, pont d'Espagne, où est ce putain de GR10 ?
Voilà !
Nous en étions ici :
Pont d'Espagne, ancien lieu d'échanges de bétails et
de marchandises entre l'Espagne et la France
avant de devenir aujourd'hui un haut lieu touristique préservé.
Alors, ça ne se voit peut être pas bien d'ici, mais, en fait, je suis un peu agacé car je ne trouve pas le GR10 qui doit me mener au lac de Gaube, puis au refuge des Oulettes de Gaube. Les télésièges, les télécabines et les restaurants sont très très bien indiqués, fléchés, tout ça... tout ce qui est payant quoi !!!... mais le GR10, peau d'balle ! Pas un panneau, pas une flèche, pas un indice !
DONCaprès avoir tourné et retourné autour du départ du télésiège, je décide de suivre une sorte de piste qui part de sous les pylônes pour monter vers des hauteurs insoupçonnées. On verra bien...
Ce n'est que bien plus tard, en redescendant que je découvrirai que le départ du GR10 se faisait au-dessus des chemins conduisant au télésiège et aux cascades du Pont d'Espagne.
Autrement dit : tout faux dès le départ. Ça commence bien la randonnée là ?! Et c'est dans ces moments là que, parfois, des choses te viennent à l'esprit sans raison aucune.
Tiens, là, par exemple, alors que je cherchais le départ du GR10 sous les télésièges (donc aucune chance de le trouver, hein), eh bien je pensais à Annie Lennox. Ben ouais. Comme ça. Je me demandais ce qu'elle devenait car cela faisait longtemps que je n'en avais pas entendu parler.
Pour mémoire, Annie Lennox est une auteuse (auteur ?), compositrice, chanteuse écossaise, née le 25 décembre 1954 à Aberdeen. Connue notamment pour avoir composé le duo Eurythmics avec Dave Stewart, elle est la fille unique d'un père chaudronnier sur des chantiers navals et d'une mère cuisinière. Elle a grandi dans une famille pauvre, mais a pris des cours de piano dès l'âge de 7 ans. Troublée par la surprotection de son père, elle cherche à conquérir son indépendance très vite. À l'âge de 17 ans, elle part pour Londres étudier la flûte à la Royal Academy of Music. Mai elle en ressortira sans diplome. C'est alors qu'elel se fascine pour la musique de la Motown. Elel fait la rencontre de Dave Stewart alors qu'elle esrt serveuse dans un petit restaurant d'Hampstead (Londres). Ils tombent amoureux et montent ensemble le groupe The Catch qui deviendra un peu plus tard The Tourists. Le groupe se dissout ainsi que la relation amoureusse entre Annie et Dave qui décident "pourtant" de continuer à travailler ensemble. Ils montent alors le groupe Eurythmics en 1981. Ce nom est une référence à l'eurythmie, une méthode d'enseignement de la musique.
Leur premier album est un échec commercial. Dave Stewart est hospitalisé. Annie Lennox entre en dépression. Le duo se remettra au travail.
"Afin d'assurer sa production, Eurythmics aménage un studio d'enregistrement dans les combles d'une usine de fabrique de cadres. Les conditions sont loin d'être idéales : l'équipement est fait d'un magnétophone 8 pistes, d'une table de mixage et de deux micros. Les enregistrements étaient également perturbés par le voisinage : "Souvent, nous devions attendre que les machines soient arrêtées dans l'usine en dessous pour pouvoir enregistrer les voix", rapporte Annie Lennox.
Et en 1983, le second album "Sweat dreams" (are made of this) change la donne. Après trois 45 tours extraits de l'album sans succès au box office, c'est finalement le titre éponyme "Sweat Dreams" qui remporte la timballe. Succès critique et populaire ! De plus, Eurythmics impose un style visuel centré sur l'image d'Annie Lennox. Sur Sweet Dreams, Annie Lennox arbore une apparence androgyne, habillée en costume d'homme. Cette ambiguïtéétait également présente dans le clip accompagnant Love Is a Stranger (qui sera ré-édité après le succès rencontré par Sweet Dreams (Are Made of This), devenant cette fois-ci un hit). Dans ce clip, Annie Lennox retire une perruque blonde pour monter ses cheveux courts couleur orange. À cause de cette scène, le clip est censuré par MTV, et la chaîne demande à RCA (le label de Eurythmics) un certificat de naissance d'Annie Lennox afin de s'assurer qu'elle n'est pas un travesti." WIKIPEDIA
La machine est lancée. Eurythmics enchaîne les albums et les tubes... jusqu'en 1989.
Par la suite, Annie Lennox se lance dans uen carrière solo avec des productions très espacées afin de privilégier sa vie personnelle et sa famille. Elle soutient également la fondation créée par Nelson Mandela pour lutter contre le sida et crée en 2007 sa propre association, SING, d'aide aux femmes et enfants sud-africains atteints du virus VIH. Elle est ensuite élue "femme de la paix 2009" pour son engagement en faveur de la lutte contre le sida en Afrique du Sud.
Bon ben voilà. Et maintenant, alors que j'attaque les premières pentes aléatoires, j'ai "Here come the rains again" dans la tête...
Je ne sais pas si c'est la meilleure chanson à avoir à l'esprit avant de se lancer dans la montagne, mais c'est comme ça.
FIN DU NOTA BENE
ALLEZ,
C'EST PARTI !
Autant te dire que suivre le sentier qui passe sous le télésiège n'est pas très intéressant. Certes, nous avons une vue imprenable sur des pylônes de belle facture, mais est-ce vraiment cela que l'on cherche quand on part en montagne ? Hein ? Hein ? Mais non, bien sûr.
Il faut attendre d'avoir rejoint le belvédère (zone d'arrivée du télésiège)...
...pour avoir une idée plus précise du paysage... et encore.
Sur ma gauche, en contrebas,
j'aperçois le GR10
que j'aurais du emprunter.
Finalement, après seulement moins d'une heure de marche pas trop pénible, j'arrive face au magnifique lac de Gaube.
Tout de suite: des chiffres !
Situéà 1725 mètres d'altitude, le lac de Gaube a une superficie de 18,4 hectares pour une profondeur avoisinant les 40 mètres à certains endroits. C'est également plus de 2 kilomètres de berges, accessible surtout à l'Ouest pour rejoindre le GR10 et le refuge des Oulettes de Gaube.
Son comblement est actif et le delta du lac, situéà l'embouchure du torrent principal, est chargé d'alluvions glaciaires.
Le lac de Gaube est peuplée de truites fario,
de vairons, d'ombles chevaliers
ou de fontaine, ainsi que des cristivomers.
De ses rives nord, on peut déjà apercevoir
le sommet du Vignemale (3298 m) et son glacier,
ainsi que la cascade d'Esplumouse.
Facile d'accès, le lac de Gaube est donc un endroit très prisé par les touristes désireux de passer quelques heures en montagne au bord d'un lac d'altitude. D'autant plus qu'il est possible d'y boire un verre ou de se restaurer à l'Hotellerie du lac de Gaube devant un cadre exceptionnel.
Il y a quelques décennies encore, il y avait là un petit monument commémoratif, au bord du lac. Ce monument rappelait le souvenir tragique de la noyade d'un couple d'Anglais : les Pattison.
Ce couple qui s'était marié un mois auparavant décida de se rendre au lac de Gaube, un des endroits préférés des romantiques de l'époque. Malheureusement, leur embarcation chavira et ils périrent noyés. Elle n'avait que 26 ans, lui 31.
Le jeune couple fut enterré chez lui en Angleterre, mais la famille dressa un petit monument commémoratif, détruit par les troupes d'occupation le 6 juin 1944, jour du Débarquement en Normandie. (CF : LOUCRUP 65)
Bon, là, en fait, cette photo, je l'ai prise au retour, vers 17h46. Parce que quand tu arrives au lac de Gaube en juillet vers midi, il y a beaucoup de monde dispersé un peu partout en train de faire des selfies ou de se foutre de la crème au monoï sur la gueule ou à gueuler sur leurs gosses qui courent partout sur les rochers ou à raconter leurs vacances de l'année dernière en Tunisie. Oh putain, le bordel là-d'dans !
BREF : je n'ai donc pas traîné et j'ai poursuivi mon évolution dans les montagnes.
Après un rapide tour des lieux, j'ai repris le GR10 en longeant le lac de Gaube par la rive droite ou gauche, je ne sais jamais ce qui définit une rive droite d'une rive gauche. On va plutôt dire par la rive Ouest, tiens, voilà, la rive ouest, c'est bien.
Le sentier évolue entre terre et pierres, entre lac et Coste Ardoune... Coste Ardoune, ce n'est pas le nom du dernier album d'Eurythmics, mais bel et bien celui de la montagne qui surplombe le lac de Gaube depuis sa rive ouest.
Quelques minutes plus tard, je suis de l'autre côté du lac, rive sud, on va dire. Très belle vue là aussi avec en fond, la discrète hôtellerie.
L'eau pure du lac se pare d'un dégradé de couleurs apaisant. Un petit roulis cliquète en surface. Pas une vague, pas un surfeur.
Je continue.Après ces quelques moments de plat,
le sentier commence à s'élever franchement,
mais sans trop de difficultés.
Une sorte de chaos apparaît,
mêlant gros rochers dispersés,
arbres résineux et
branches mortes.
Petit à petit, derrière moi,
le lac de Gaube et sa belle étendue bleue profonde
s'éloignent...
Le sentier quitte un peu la pierre et les eaux toniques du Gave des Oulettes de Gaube pour rejoindre un peu de verdure.
C'est là que s'est installé la cabane du Pinet.
Il s'agit d'une petite cabane ouverte, située à 1783 mètres d'altitude. Elle peut accueillir six personnes pour couchage. Elle possède une cheminée et une toiture refaite à neuf il y a peu. Le gave des Oulettes de Gaube s'écoule à quelques mètres de sa porte d'entrée.
C'est ce même gave que je continue à suivre, en parallèle au GR10 qui continue de grimper dans cette petite vallée sans ombre. Je laisse la cabane derrière moi...
Quelques minutes plus tard, j'aperçois l'impressionnante cascade Esplumouse.
Il faut marcher quelques minutes encore pour atteindre le sommet de la cascade qui se trouve à 1939 mètres d'altitude. De là, une magnifique vue s'offre à nous sur le lac de Gaube, toujours plus loin.
C'est l'une des dernières vues sur le lac de Gaube. Bientôt, il va disparaître derrière la crête d'Estibe Aute.
Voilà. Passé quelques neiges éternelles, et me voilà dans une belle vallée où la verdure est revenu sous la forme d'herbe et de résineux. En fond de champ, les pentes enneigées du Vignemale s'affirment.
Je suis le cours du Gave des Oulettes de Gaube dans un paysage magnifique. Il n'y a plus grand monde à cette altitude. J'avance. Un petit pont de bois enjambe la rivière. Au fond, le Vignemale impose son originale silhouette pendant que la petite cascade Darré Splumouse écoule les eaux du glacier.
D'après la carte, il y aurait un sentier qui monterait sur la droite à hauteur de ce pont pour rejoindre le lac du Chabarrou, situéà 2302 mètres d'altitude. C'était un de mes objectifs avec le refuge des Oulettes de Gaube, mais je ne parviens pas à trouver le début du sentier. J'aperçois juste sur les hauteurs une cascade qui, peut être, provient du lac en question.
Tant pis. Je continue. De toute façon, le paysage et les lieux traversés sont déjà splendides. Je ne regrette absolument pas de m'être aventuré jusqu'ici à présent. D'ailleurs, je me pose quelques minutes sur ce petit plateau dominé par la cascade Darré Splumouse.
La rivière serpente sur le petit plateau. Cela me rappelle le paysage d'Agua Tuertas en vallée d'Aspe.
J'avance doucement en tournant la tête de tous les côtés, tellement le paysage est captivant.
Sur le côté, sans bruit, discrète,
une marmotte...
Je reste un peu. Elle n'est pas plus effarouchée que cela. peut être a-t-elle l'habitude de voir des randonneurs. Elle se tient tout de même à bonne distance, au cas où... Je continue... un peu.
Je passe à proximité d'un autre petit pont en bois.
D'après la carte IGN,
je me trouve au lieu-dit Les Petites Oulettes.
Je ne sais pas où mène le sentier qui suit de l'autre côté du pont. Je reste donc sur le GR10.
Toujours d'après la carte IGN, il y aurait sur le côté gauche du GR10 le laquet d'Estibe Aute.
D'après le très complet et incontournable site de randonnée de Mariano, ces petits lacs sont encaissés dans un petit cirque sauvage et minéral, mais accessibles par la vallée de Lutour par un itinéraire peu fréquenté. (cf : Les lacs d'Estibe Aute). Autrement dit, ce n'est pas accessible depuis la vallée de Gaube.
Il n'est pas loin de je-ne-sais-pas-quelle-heure, mais la fraîcheur de la rivière et le paysage me disent qu'il est temps de faire une petite pause apéritive.
Tout va bien.
Je suis à environ 2050 mètres d'altitude. Il ne fait pas trop chaud. La rivière dégage une certaine fraîcheur. Le paysage est magnifique avec une belle vue sur le Vignemale face à moi ; le pic d'Arrailléà l'Est et les pics Chabarrou et Alphonse Meillon (du nom du grand Pyrénéiste néà Cauterets en 1962) à l'Ouest. Derrière moi, au nord, le Gave des Oulettes de Gaube s'écoule tranquillement dans la vallée.
Il doit me rester environ une demi heure de marche pour rejoindre le refuge des Oulettes de Gaube. Peut être... J'en sais rien. Comme à chaque fois, on pense que derrière la petite butte qui nous fait face, il va y avoir l'objectif derrière et puis... non... Il y a une autre butte.
Je reprends mon évolution pyrénéenne.
Un petit raidillon à passer juste à côté d'une belle cascade sans nom.
Le Vignemale se rapproche, mais on ne voit toujours pas son implantation.
Je passe le raidillon de 100 mètres de dénivelé. Le refuge ne doit plus être très loin. En fait, cette randonnée se fait par paliers successifs. À chaque palier franchi, on pense être arrivé... mais non. Je me pose quelques secondes au sommet de la cascade d'où la vue sur les Petites Oulettes est prenante.
Pendant que je regarde au loin, à quelques pas de moi, un petit être évolue dans les rochers. Discrètement, silencieusement... Je ne bouge pas. Je la regarde. Elle me voit, se fixe, puis continue à chercher quelque chose à grignoter dans les rochers avant de disparaître derrière une pierre.
Je continue... plus pour très longtemps. Devant moi, la vue se dégage définitivement, comme si j'arrivais dans un cul-de-sac.
Ça y est : je suis arrivé au refuge. Je ne m'attendais à cette vue impressionnante.
Le refuge des Oulettes de Gaube fait face au Vignemale. Il est séparé de la montagne par un petit plateau sur lequel serpentent plusieurs petits cours d'eau. C'est extraordinaire.
Je vais jeter un coup d'oeil au refuge.
Situéà 2151 mètres d'altitude, le Refuge des Oulettes de Gaube est ouvert toute l'année ; gardé de mars à octobre. Il possède cinq dortoirs pour 87 couchages (en période de gardiennage) et 30 hors période de gardiennage.
Comme pour beaucoup de refuge de haute ou moyenne montagne, il propose différents services : restauration sanitaire, douche chaude de temps à temps. Par contre, ici, peu d'électricité (grâce aux panneaux solaires), pas de réseau téléphonique ni de télévision.
Le Refuge dispose d'une grande salle à manger avec bibliothèque, jeux, ainsi que d'une grande et agréable terrasse plein sud face au Vignemale.
Il y a également des activités diverses. Le 22 juin, il y avait la fête de la Montagne. Le 13 juillet, c'était la tournée Jazz en refuge qui était de passage ici pour un concert en altitude. Des conférences diverses sont également données de temps à autre.
Une nuitée pour adulte revient à 25,40 euros en période gardée, et à 8 euros en période non gardée. Pour les jeunes de moins de 8 ans, le prix de la nuitée est de 13,95 euros.
Pour la restauration, le petit déjeuner est à 9 euros et le repas du soir à 20 euros.
Pour profiter pleinement de l'acceuil du refuge, il convient bien évidemment de réserver au +33 (0)9 88 18 41 46.
Pour plus de renseignements, le site internet, c'est ici : REFUGE DES OULETTES DE GAUBE.
Je fais un peu le tour des environs, au hasard. Un esprit de sérénité se dégage de l'endroit. Il faut dire que le lieu est "paradisiaque". Calme, rivière, montagne, silence.
Au bas du refuge,, une plaque est apposée sur un rocher, en hommage à un des gardiens, Lionel Goldsmith, ayant laissé la vie lors d'une avalanche en ces lieux le 5 mai 1998. Une autre plaque un peu plus haut est également posé pour rendre hommage à une légende de la montagne J.E. Farreny avec une citation que je ne parviens pas à traduire.
Ici aussi, les marmottes se promènent tranquillement. Enfin, je ne sais pas si elles se promènent à la recherche de nourriture naturelle ou si elles viennent inspecter les poubelles du refuge, au cas où...
Et le Vignemale alors ?
D'ici, nous pouvons admirer sa face nord avec le Piton Carré, l'aiguille des Glaciers et le Chausenque.
Situé sur la frontière franco-espagnole, le Vignemale est un massif pyrénéen. Ouais, jusque là, normal : on est dans les Pyrénées, c'est un massif pyrénéen. On va pas mettre un massif alpin dans les Pyrénées. Ce que l'on nomme communément LE Vignemale est en fait le sommet de ce massif, plutôt appeléLa Pique Longue, que l'on peut facilement reconnaître sur la photo ci-dessus par sa morphologie à la forme d dent ou de... de... pique. Ben oui ! D'où son nom "pique longue". C'est un des sommets mythiques de la chaîne puisque le plus haut des Pyrénées françaises avec une altitude de 3298 mètres. Mais ce n'est que le 16ème plus haut sommet de la chaîne pyrénéenne. Rappelons que ce sont les Pics d'Aneto (3404 m), du Posets (3369 m) et le Mont Perdu (3355 m) qui arrivent en tête. Par contre, le massif du Vignemale est, lui, le quatrième plus haut massif des Pyrénées. Mais attention, c'est aussi c'est aussi, par l'étendue de ses glaciers, le deuxième massif glaciaire des Pyrénées après le massif de la Maladeta (Aneto). Voilà pour les classements.
Est-ce que tout le monde suit ?
OK, on continue.
ORIGINE DU NOM
Le Vignemale. Dedans, il y a vigne et il y a male. La vigne male. Une vigne masculine ? Une montagne avec des vignes dessus ? Mais pourquoi masculine ? Et les femmes alors ?
Vignemale est repris de son nom gascon Vinhamala, provenant de deux racines pré-indo-européennes "vin" et "mal" signifiant toutes les deux "montagne". Mais d'autres explications ont été trouvées, comme celle reprenant le fait que Bigne signifie "hauteur" et Mála ou Male, "mauvaise", soit "la mauvaise hauteur". La véritable orthographe serait pic de Bigne Male, ou à la rigueur pic de Vigne Male, mais la forme Vignemale est retenue sur les cartes. Les bergers espagnols de Broto appellent La Labaza le versant sud du Vignemale ; ce nom désigne bien, en effet, l'immense paroi rocheuse qui tapisse les flancs du massif entre le Cerbillona et le mont Ferrat. Mais les formes Villamala, Viñamala ont également été relevées, tandis que les bergers de Tena l'appellent Camagibosa alors que la carte militaire porte le nom de Camachivosa, qui est certainement une corruption graphique de Camagibosa.
Une autre explication a été avancée reposant sur le fait que, durant le Moyen-Âge, des moines ont tenté sans succès de planter un vignoble au pied du massif.
Au XIXème siècle, dans son Trésor du félibrige, l'écrivain Frédéric Mistral rattache plutôt VinhamalaàViamala, "mauvais chemin", allusion au cul-de-sac existant à la rencontre des vallées de Gaube et d'Ossoue.
BREF : on ne va pas faire la journée là-dessus non plus !
La face nord du Vignemale domine par près de 500 mètres de dénivelés abrupts la vallée glaciaire. C'est une formidable masse schisteuse aux parois abruptes. Orienté Est-Ouest, ce géant, taillé dans les roches primaires de la zone axiale des Pyrénées, est également cerné par les glaciers aujourd'hui en net recul.
LE VIGNEMALE ET SES GLACIERS
Le massif en son centre renferme le seul glacier encore complet des Pyrénées, de quoi en faire une attraction pour les montagnards. Il s'agit du glacier d'Ossoue que l'on ne ne peut pas voir depuis le refuge des Oulettes de Gaube puisqu'il est situé au sud du massif. Il s'agit du second plus vaste de la chaîne (45 hectares en 2011) derrière celui de l'Aneto, et le seul glacier "complet".
Cette langue de glace s'étire sur 1,5 kilomètre depuis le col de Cerbillona jusqu'au pied du Petit Vignemale qui culmine à 3032 mètres d'altitude. En recul lent mais régulier, comme les autres glaciers des Pyrénées, elle surplombe une zone formée de moraines et de roches rabotées par l'action continue des glaces. En avant de celle-ci subsiste une étendue de dalles calcaires primaires transformées en marbre. Au-dessous, les versants couverts d'une végétation clairsemée descendent vers la vallée au fond de laquelle jaillissent les eaux du Gave d'Ossoue.
Alors, si d'ici nous ne pouvons voir le glacier d'Ossoue, intéressons-nous à ceux qui nous font face, notamment au glacier des Oulettes.
"(...)L’histoire du glacier des Oulettes est étroitement liée à celle du glacier du Petit Vignemale. En effet, comme le prouvent les moraines du Petit Age Glaciaire (période, située entre 1550 et 1850, favorable à l’accroissement glaciaire), ils n’en formaient qu’un seul autrefois. La carte d’état major de 1851 confirme cette configuration. À partir de la fin du XIXème siècle, deux glaciers s’individualisent. Ils reçoivent alors les noms de glaciers du Petit Vignemale à l’est et d’Oulettes à l’ouest. Ce glacier cumule les superlatifs. Il est à la fois le plus bas en altitude (2280m pour son front), le plus crevassé, avec des cavités pouvant dépasser 30m de profondeur et parfois autant de largeur, le plus rapide de la chaîne enfin, puisque sa vitesse maximum est estimée entre 50 et 70m/an.
Dans les Pyrénées, à 2400m (altitude moyenne du glacier), les températures ne sont pas suffisamment basses pour qu’un glacier puisse subsister. L’existence du glacier des Oulettes s’explique pour plusieurs raisons. D’une part, il bénéficie d’une exposition au nord et d’une puissante muraille protectrice, d’où un rayonnement solaire affaibli. D’autre part, cette vaste paroi qui l’abrite est également nourricière, car la neige qui s’y dépose s’accumule ensuite sur le glacier par le biais d’avalanches répétées tout au long de l’hiver. C’est pourquoi ce glacier de cirque est également un glacier dit « de suraccumulation » neigeuse.
Comme son voisin au Petit Vignemale, le glacier des Oulettes est en voie de division. À partir du milieu de sa rive droite, il tend à se découper en deux. La zone active crevassée se cantonne en amont, tandis que la partie inférieure se compose de glace stagnante couverte de débris rocheux.
Les variations de surface du glacier sont nettement marquées dans le terrain meuble en aval. Elles se traduisent par une succession de moraines frontales dont la construction eut lieu lors de périodes qui lui ont été climatiquement favorables. Des documents iconographiques et descriptifs ont permis de préciser l’âge de ces moraines. Ainsi, dans sa lente régression entamée vers 1850, le glacier des Oulettes a connu des temps de trêve dans les années 1890, 1920, 1945, 1980 et 1997. En un siècle et demi, sa superficie est passée d’une quarantaine d’hectares à 11. Actuellement ; cela signifie qu’il a subi une diminution de 70%. La fonte semble avoir été particulièrement soutenue entre 1850 et 1890, ainsi que depuis 1980.(...)"
Plus de précisions et de photos surREFUGE DES OULETTES DE GAUBE.
LE VIGNEMALE ET SES ASCENSIONS
Le Vignemale est une montagne très fréquentée. Eh oui. Moins qu'une plage de la Côte d'Azur en été, mais tout de même, il y a du monde qui se lance à l'assaut de ce massif pyrénéen. De nombreux abris creusé dans la roche attestent cette importante fréquentation depuis les temps les plus anciens.
Au XIXème siècle, les versants de la montagne, proche de la station thermale de Cauterets, ont vu défiler quelques célébrités, comme Chateaubriand et Victor Hugo.
A quand date la première ascension de cette montagne mythique ?
On rapporte que le 1er août 1792, des bergers ont érigé un signal au sommet du Montferrat afin d'établir la délimitation de la frontière et définir l'altitude des sommets à la demande de Louis-Philippe Reinhart Junker, ingénieur-géographe. Le lendemain, ces deux mêmes bergers dont personne n'a retenu le nom (ah ben bravo !) auraient dressé un autre signal au sommet de la Pique Longue... mais cette ascension n'est pas certaine.
C'est en 1837, le 8 octobre, qu'eut lieu la première ascension connue du Vignemale par Henri Cazaux et Bernard Guillembet.
En 1838, autre première : une compétition originale est ouverte entre Anne Lister, première lesbienne moderne, et le prince de Moskowa pour devenir la première "personnalité"à gravir le Vignemale. Passionnée de voyage, Anne Lister est déjà la première femme à avoir gravi le Mont Perdu en août 1830. Durant ses périples, elle n'hésite pas à s'écarter des routes touristiques pour aller visiter des orphelinats, des prisons, des usines ou des mines, s'intéressant à la politique, à l'industrie, aussi bien qu'à la botanique.
La vie du prince de Moskowa est moins passionnante. Militaire et homme;politique français, de son vrai nom Napoléon Joseph Ney, il est tout de même un alpiniste confirmé malgré sa vie fastueuse.
La conquête du sommet s'engage entre ces deux personnalités le lundi 6 août 1838. Anne Lister prend le chemin du Vignemale en compagnie des guides Cazaux, Guillembet, Charles et Sanjou malgré un temps maussade. Ils atteignent le sommet le lendemain par une voie injustement appelée "Voie du Prince de la Moskowa" ; voie longue et difficle qui n'est plus fréquentée aujourd'hui. À 47 ans, Anne Lister entre ainsi dans l'histoire du Pyrénéisme en devenant la première femme et la première touriste qui atteint le sommet.
Le 11 février 1869, un autre excentrique réussit cette fois la première grande ascension hivernale européenne en atteignant le sommet du Vignemale en compagnie d'Hippolyte et Henri Passet. Cet excentrique se prénomme le comte Henry Russel. Il vit de sa fortune personnelle et des rentes de ses placements. Il a déjà monté le Vignemale par deux fois (en 1861 et en 1868). Il est littéralement amoureux du massif au point d'y passer des nuits entières. Le 26 août 1880, il passe une nuit au sommet de la Pique Longue, mais souffre du froid. C'set alors qu'il envisage l'aménagement de grottes. Il en fait creuser sept, entre 1881et 1893. La première est achevée le 1er août 1882 ; c'est la Villa Russel, située à 3205 mètres d'altitude au col de Cerbillonna. Il fait bénir onze jousr plus tard ainsi que le Vignemale. En 1885, il fait creuser une seconde grotte -celle des guides ; en 1886, une troisième, celle des dames. Il reçoit alors ses amis et de nombreux visiteurs. Par la suite, en décembre 1888, il demande au préfet des Hautes-Pyrénées de lui accorder la concession du Vignemale, soit 200 hectares. La location annuelle est alors fixée à 1 franc sur 99 ans et débute en janvier 1889.Trois autres grottes seront creusées 800 m plus bas à la base du glacier : les grottes bellevue. La dernière: la grotte paradis est creusée quelques mètres sous le sommet de la pique longue. On doit également à Lord Henry Russel la création en 1903 du marathon vignemalais, dont la dernière édition eut lieu en 1988.
Aujourd'hui, il existe plusieurs itinéraires pour atteindre le sommet du Vignemale.
La voie dite normale passe par le refuge Bayssellance et le glacier d’Ossoue après être parti de Pont d'Espagne, du lac de Gaube et du refuge des Oulettes de Gaube. D'autres itinéraires existent, comme celui partant du barrage d'Ossoue, côté Gavarnie ; ou encore au départ de Torla (Espagne).
Je vais profiter de ce cadre magnifique pour faire une pause pique-nique. Il n'est pas loin de 15h30. Les rares personnes présentes ici commencent déjàà redescendre. Bien posé au bord de l'eau, j'observe l'évolution de la faune environnante. Brebis, marmottes et chèvres se partagent la montagne.
Et puis, je m'en vais faire un petit tour sur le plateau pour m'approcher un peu du glacier des Oulettes.
On ne doit pas être mal
pour bivouaquer ici...
...avec une vue à 360° !
Je tourne, je me pose, je regarde partout... BREF : je n'ai pas envie de redescendre.
Je suis à présent seul au milieu du plateau. Personne non plus au refuge. Les animaux reviennent peu à peu. Les marmottes sortent de leur terrier. Les brebis redescendent des hauteurs pour se poser à nouveau au bord de l'eau.
Bon... Il est 17 heures... Je vais mettre un peu plus de 2h30 pour rejoindre l'immense parking de Pont d'Espagne et la civilisation...
Allez,
on se quitte avec une vidéo
reprenant cette magnfique randonnée.