Ah, ah, ah : dis don', dis don' : à c't'époque, l'année dernière, cela faisait longtemps que j'étais dans les montagnes à crapahuter les dénivelés pour atteindre un de ces lacs pyrénéens d'altitude où il fait bon se décapsuler une petite canette en écoutant la musicalité discrète des alpages et autres cimes éloignées.
Eh ouais, eh ouais... Eh ben, en cette année 2018, et plus précisément en ce moche mois de mai où les fleurs ne volent pas au vent, ♫ où les fleurs ne volent pas au vent si jolies mignonnes ♫ où les fleurs ne volent pas au vent si mignonnement...♫ Ouais Nana Mouskouri, que l'on salue au passage, tiens !!!
Oui, donc, en ce moche mois de mai où les fleurs ne volent pas au vent, il faut bien trouver quelque chose à faire pour ne pas rester enfermé, merde alors !
Quand soudain, ne voilà-t-il pas...
Peut être qu'en lisant les premières lignes de ce nouveau billet portant le titre "En attendant le beau temps", tu t'attendais à un hommage à Samuel Beckett et à son "En attendant Godot" ? Oui ? Non ? Peut être ? Tu ne sais pas ? C'est pas grave, nous allons tout de même profiter de cette occasion pour rappeler ce qu'était cette oeuvre de l'écrivain irlandais, né en 1906 et décédé en 1989.
"En attendant Godot" est une pièce de théâtre en deux actes écrite en français en 1948, et publiée en 1952. Elle s'inscrit dans le courant du théâtre de l'absurde.
ACTE 1
Estragon , un vagabond est assis par terre et se débat avec une chaussure trop étroite. Survient, Vladimir, un autre clochard . Il est très heureux de retrouver Estragon qu’il a quitté la veille. Les deux hommes se mettent à parler de chose et d’autre. Estragon est obnubilé par sa chaussure qui lui fait un mal horrible. Vladimir, lui, médite sur le suicide, la culpabilité, la repentance. Ils attendent tous deux la venue improbable de Godot. Ils ne savent pas vraiment qui il est , mais espèrent qu’il apportera une réponse à toutes leurs attentes.
Celui-ci n’arrivant pas, Vladimir et Estragon se mettent à parler, comme pour occuper le temps, comme pour combler le vide et le silence qui surviendraient si la parole n’était pas présente. Ils se disputent, se réconcilient et parlent aussi du suicide.
Au lieu de Godot, deux nouveaux personnages apparaissent : Pozzo et Lucky, le second étant, comme un chien, tenu en laisse par le premier. Pozzo fouette Lucky et l’injurie. Il semble représenter le pouvoir et l’autorité. Lucky, lui, parait être son esclave. Pour distraire Vladimir et Estragon, Pozzo demande à Lucky de danser et de penser à voix haute. Puis ils s’en vont laissant seuls Vladimir et Estragon.
Un jeune garçon apparaît et annonce à Vladimir et Estragon que Godot ne viendra pas ce soir, mais peut-être demain.
ACTE 2
Le second acte ressemble étrangement au premier. L’action se déroule le lendemain au même endroit , à la même heure. Quelques changements sont pourtant perceptibles. L’arbre compte maintenant quelques feuilles. Les deux clochards Vladimir et Estragon imitent Pozzo et Lucky. Puis ces deux derniers réapparaissent . Le premier est devenu aveugle et le second est frappé de mutisme. Le jeune garçon effectue une nouvelle visite. Il affirme pourtant n’être pas venu la veille. Il informe les deux clochards que Godot reporte à nouveau son rendez-vous. Vladimir et Estragon songent à se pendre, mais la ceinture d’Estragon n’est pas assez solide.
Les dernières répliques de la pièce sont les mêmes que celles de la fin du premier acte : Vladimir demande : « Alors, on y va ?» et Estragon de lui répondre : «Allons-y !»
Je retiens quelques autres répliques, comme "Voilà l'homme tout entier, s'en prenant à sa chaussure alors que c'est son pied le coupable." ou encore "Fous-moi la paix avec tes paysages ! Parle-moi du sous-sol !" Par contre, nous ne saurons jamais qui est Godot. Existe-t-il seulement ? Son nom fait-il allusion aux godasses ou au M. Godeau du "Faiseur" de Balzac, ou au coureur cycliste Roger Godeau surnommé Popeye et cinq fois champion de France de demi-fond ?
ALLEZ !
La journée semblait pourtant bien commencer.
Là-bas, au loin de Mouguerre sous les nuages, pointait une lueur solaire qui, peut être, ne demandait qu'à s'étendre d'avantage pour gagner du terrain céleste et nous ravir de sa lumière tant désirée...
Eh bien non ! La lumière s'est fait de plus en plus faible pour finalement disparaître complètement sous cette coulée nuageuse matinale obscure. C'est une pluine qui tombe alors... Une pluine folle, folle, folle...
Impossible donc d'aller en montagne puisque la neige n'a pas encore fondu et que la météo n'est pas assez stable pour pouvoir prévoir une randonnée d'une journée ou deux. L'année dernière, à c't'époque, j'avais déjà escaladé les Trois Couronnes et j'étais allé faire un tour au lac d'Estaens.
Bon OK, pour les Trois Couronnes, j'ai failli y rester et pour le lac d'Estaens, je n'ai pas pu atteindre les rives car il y avait encore de la neige...
Mais quand même :
on pouvait circuler !!!!
Cette année, que dalle ! Tu te dis : "Ah, le week-end arrive, je vais faire une petite randonnée !" Eh non, il pleut comme vache qui pisse !
Je n'ai donc pas pris de risque. Météo maussade, aléatoire et incertaine, j'ai choisi un lieu où je pouvais garer la voiture pas trop loin en cas de météo pluvieuse. Bien sûr, cette initiative exclut toute balade à plus de cinq minutes d'un parking.
Et c'est ainsi que, dans un premier temps, j'ai échouéà Seignosse. Ben ouais !
Ah oui, Seignosse hors-saison sous la bruine, c'est pas pareil que Seignosse l'été avec le soleil ! Mais ne nous arrêtons pas sur cette image.
Parlons un peu de cette petite station balnéaire landaise aux charmes multiples.
Pour beaucoup, Seignosse, c'est la plage des Estagnots, les étangs Noir et Blanc, Atlantic Park, la salle de concert des Bourdaines, hélas, menacée de fermeture après avoir accueilli de nombreux grands artistes tels que Shantel, The Stranglers, Amadou et Myriam, Earth wind and Fire, Nina Hagen ou encore Ibrahim Maalouf...
Pour d'autres, Seignosse, c'est son ancien maire, Ladislas de Hoyos. Et Ladislas de Hoyos, c'était quand même ceci :
MAIS PAS QUE !
Ladislas de Hoyos fut maire de la ville de 2001 jusqu'à sa mort en 2011. Il fut journaliste pour France-Soir, puis à l'ORTF, puis chez TF1 où il présentera le JT de 20 heures jusqu'en 1991 où il sera évincé et remplacé par Claire Chazal. Mais Ladislas de Hoyos est également l'homme qui contribua à l'arrestation de Klaus Barbie, l'ancien chef tortionnaire de la gestapo de Lyon.
Ce sont Serge et Beate Klarsfeld, les chasseurs de nazis, qui ont repéré sa trace en 1971. Il était caché en Bolivie sous le nom de Klaus Altman. Il a refait sa vie là-bas, il a la nationalité bolivienne et gère une entreprise d’exploitation de bois puis une compagnie maritime ! Il y vit très bien depuis 25 ans. Il nie être Barbie. Il nie même le fait de connaître le français. Or il est interviewé par le journaliste Ladislas de Hoyos qui le piège en lui posant une question en français. Barbie répond en allemand, certes, mais a manifestement très bien compris la question prononcée en français. Nous sommes alors en 72. Quelques mois plus tard, le criminel de guerre admettra qu’il est bien Klaus Barbie. (Europe 1)
Aujourd'hui, à Seignosse, pas d'Ibrahim Maalouf, pas de Lasilas de Hoyos, mais un ciel gris et un silence plombant. Je pose la voiture sur le parking des Penons, non loin des multiples commerces fermés en cette saison. Je me dirige vers la grande plage.
Pas grand monde sur la plage hein ? Tant mieux. Une fois que ça c'est fait, je m'en vais maintenant faire un tour du côté d'Atlantic Park.
Heureusement, quelques graffeurs ont posé un peu de couleurs pour mettre un peu de baume au coeur.
Voilà, bon ben, hein, que veux-tu ? Je ne vais pas aller me baigner, je ne vais pas aller manger des frites-moules, je ne vais pas jouer au jokari sur la plage DONC je pars... Pas bien loin... à 6 kilomètres... Hossegor... Mais vu que ce n'était pas assez loin, j'en ai profité pour me paumer (?) et atterrir à la sortie de Capbreton où je me suis arrêté au carwash abandonné. Oui parce qu'on parle beaucoup du Gouf de Capbreton, de l'estacade de Capbreton, des blockhaus de Capbreton, du cers de Capbreton,... mais pas assez du carwash abandonné de Capbreton.
Carwash abandonné, cela ressemble à un titre de film belge.
Demi-tour. Rond-point. Pas très intéressant ces ronds-points capbretonnais. Tiens, ça me fait penser qu'à Château-Chinon, ils en ont posé un nouveau sur la route d'Autun.
Par contre, pas moyen de reconnaître quel animal a voulu représenter l'auteur-sculpteur ! Tiens, puisque l'on parle de Château-Chinon et de carwash -ça n'a rien à voir, mais j'ai envie de poster les photos ici quand même- je me suis un peu promené dans la basse ville ; cet endroit où enfant je me rendais avec mes grands-parents pour rendre visite à une femme qui logeait dans un grand camion-bus bleu qu'elle avait aménagé. ♫ "The blue bus is calling us..." ♫ Cette dame est décédée depuis quelques années maintenant et la gare de Château-Chinon a été réhabilitée en logements comme pas mal d'anciennes gare nivernaises. Il reste un bar, enfin... il y avait un bar, laisséà l'abandon aujourd'hui. Son nom ? "L'ambiance".
CHÂTEAU-CHINON
L'ambiance abandonnée
C'est pas banal non plus comme titre, "L'ambiance abandonnée", on dirait un recueil de nouvelles de Gérard Lenormand.
Pourquoi je parle de ça, moi ? Château-Chinon, lieu abandonné, rond-point, Capbreton, Hossegor. Ah oui : Hossegor ! J'y suis ! Et il fait beau... Enfin, disons qu'il ne pleut pas.
Oui, ici aussi, c'est calme en cette saison.
Alors bon, Hossegor ! Hein ?! Eh, oh ! Cette station balnéaire landaise a vu le jour au début du XXème siècle, idéalement située entre Arcachon la bourgeoise au nord et l'aristocratie internationale biarrote au sud. Elle attire à ses débuts, quelques années avant l'instauration des congés payés en France, une clientèle aisée, principalement issue du monde littéraire et intellectuel parisien.
À partir des années 1920, les programmes immobiliers accompagnent le développement touristique de la station, adoptant le style néobasque, dans une forme d'urbanisme qualifiée de "cité-parc". Certains architectes de l'époque deviennent renommés et se lancent dans de nombreux projets architecturaux. DEpuis 1990, des villas ultra modernes sont construites un peu en retrait du bord du mer, entre le golf et le lac.
Car oui, Hossegor, ce n'est pas qu'un spot de surf mondialement connu. Hossegor, c'est aussi un lac, une grande braderie au mois d'avril, des huîtres et et et et la ville natale d'Annette Tison. Eh ouais... Ben oui... Voilà... Hein ? Tu sais pas qui est Annette Tison ? Eh bien, c'est une architecte française, née à Hossegor en 1942. Eh ouais. Ben oui. Mais attention : c'est aussi la créatrice des... des... Barbapapa avec son mari Talus Taylor en 1970.
Quand j'étais petit, j'étais fasciné par leur maison-bulle. Tellement fasciné que j'essayais tous les jours de la reproduire avec des légos ; chose bien sûr impossible puisque, nous le savons tous, les Légos sont rectangulaires.
J'erre un peu sur la plage sud encore appelée plage Capbreton parce qu'on a une vue imprenable sur l'estacade. Je marche tranquillement en attendant que le soleil se couche.
Au loin, les immeubles prennent les derniers rayons solaires...
Je m'amuse avec mes traces de pas marquées dans le sable...
...ce qui peut donner des idées de nouveau parti politique et de future affiche électorale,
non-hommage au parti "En marche" de Macron, président des riches.
En cette saison, il y a également beaucoup de bois flotté sur les plages. Certaines personnes s'en servent pour édifier quelques petites maisons ou huttes éphémères.
Comme tu peux le voir, il y a tout le confort : toit résistant, terrasse avec vue imprenable sur l'océan (et même parfois avec vue imprenable dans l'océan par marée haute), moquette en sable confortable, murs flottant, en accord complet avec la nature, pas d'entretien de pelouse.
Je me suis demandé quel architecte avait pu être à l'origine d'une telle demeure : les frères Gomez, Henri Godbarge, Louis Lagrange, Jean Prunetti,... ?
Eh bien non ! L'architecte de cette maison n'est autre que Nisca !
Comment a-t-elle fait ? C'est pas compliqué. Au lieu de ramener les bâtons qu'on lui lançait, elle a décidé de les empiler soigneusement pour construire cette magnifique demeure de très-bord de mer. Et on peut le dire : cette fois-ci, la cabane n'est pas tombé sur le chien.
LE SAVAIS-TU ?
Que veut dire l'expression "La cabane est tombé sur le chien" ?
Imagine que ton équipe de rugby préférée est menée de 6 petits points, ils ne sont qu'à un essai transformé de la victoire, il reste encore 10 minutes de jeu quand soudain ses adversaires interceptent une passe et remontent tout le terrain pour inscrire un essai qui enfonce l'équipe presque certainement : la cabane vient de tomber sur le chien. Autrement dit, il ne te reste plus grand espoir de gagner et tu as envie de pleurer.
Nous pourrions également parler des expressions "Le cochon est dans le maïs", "remettre l'église au centre du village", "La jument n'a pas encore tourné le dos au foin", ou encore "On n'est pas là pour semer de la terre".
Bon, c'est bien gentil tout ça, mais ne voilà-t-il pas que le soleil se couche, là-bas, sur la ligne horizon. Le savais-tu : Hossegor se trouve sur la même ligne d'horizon que Shelburn, ville canadienne de Nouvelle Écosse, dont les premiers habitants furent les Micmacs. Les premiers Européens de la commune furent les Acadiens qui fondèrent à la fin du XVIIème siècle un petit port de pêche nommé Port-Rasoir.
Ça c'est dit, c'est cadeau, tu en fais ce que tu veux.
Le soleil se couche sur Hossegor.
Certains ont décidé de regarder ce spectacle naturel depuis la petite digue,
battue par quelques vaguelettes au crachoir d'écume.
Pour ma part, je me dirige tranquillement vers l'estacade, côté Hossegor.
La Vierge elle aussi a pris place et me rappelle que je ne suis plus à Hossegor,
mais à nouveau à Capbreton.
Le spectacle de la nature peut commencer.
Eh ben...
Ah ben... Oooh !
Merde alors ?!
Un putain de nuage à la con est venu
se foutre devant le soleil !
Bon ben...
C'est une nouvelle fois foutu pour assister
à un coucher de soleil en cette année 2018 !
Regarde-moi ça l'bordel !
Et voilà ! Cet saloperie de soleil s'en est allé disparaître derrière ce putain de nuage à la con sans même nous envoyer ses beaux rayons orangés de fin de journée sur la surface horizontale de l'océan. Coucher de soleil mon cul, tiens !
Et c'est dans l'obscurité la plus totale, sans aucune lueur, que je regagne la voiture.
DANS NOTRE PROCHAIN ÉPISODE
Nous verrons que le soleil est revenu pour définitivement s'installer dans le sud-ouest. Nous en remarquerons les conséquences directes avec l'invasion de la première touriste sur la plage d'Ondres, dans les Landes.
Nous tenterons même de l'approcher en jouant à cache-cache-plage avec elle afin de lui poser quelques questions sur pourquoi-comment est-elle venue ici.
À très vite !