Alors, comme je le disais l'autre jour : début juin, je suis allé faire un tour dans le beau et éclectique département de la Nièvre, 58.
"Vert pays des eaux vives", telle est sa devise, mais pas que.
Quand soudain, ne voilà-t-il pas...
Oui, "vert pays des eaux vives". C'est une phrase qui fait rêver en cet été caniculaire et incendiaire. Et c'est vrai que la Nièvre a plusieurs atouts naturels dans sa manche.
Du Nivernais au Morvan, de la Loire à la Nièvre, des champs aux horizons lointains aux collines boisées... Ruisseaux, rivières, fleuve, lacs, étangs, pâturages...
"La Nièvre, vert pays des eaux vives", oui.
Mais la Nièvre, c'est aussi...
Allusion à la phrase de Jacques Séguéla
("Si à 50 ans on n'a pas une Rolex, on a loupé sa vie")
-que l'on peut aussi réinterpréter de cette façon...
On va me dire que le C15 n'est pas très écologique. certes,
mais l'électrique omniprésent, est-ce aussi rassurant ?
Oui, la Nièvre ne manque pas d'atouts... et de slogans. Le nouveau est "L'art de vivre en Nièvre, c'est vital". Que certains n'hésiteront pas à changer en "L'art de vivre en Nièvre, c'est banal."
BREF : prenons le C15 et partons sur quelques routes nivernaises. Périple non exhaustif.
Carte : 1France
La Nièvre doit son nom à la rivière du même nom. Le département a été crééà la Révolution française, le 4 mars 1790, à partir d'une partie de la province de Bourgogne, le Nivernais. Faisant partie de la région Bourgogne, la Nièvre est limitrophe des départements de l'Yonne, de la Côte-d'Or, de Saône-et-Loire, de l'Allier, du Cher et du Loiret.
La Nièvre, ce sont 225 000 hectares de forêt, 1500 hectares de plans d'eau, 290 900 hectares de parc régional dans le Morvan et 5000 km de rivières.
Les habitants de la Nièvre sont les Nivernais et sont 205 828 -je sais, j'ai recompté hier- soit plus d'un hectare de nature par habitant.
Et des habitants nivernais, il y en a, il y en a eu, comme nous le rappelle le magazine local Koikispass dans un article. J'en prends quelques-unes.
"Jules Jaluzot (Corvol L’orgueilleux 1834 – Paris 1916), vendeur au Bon Marché devient en 1865 le fondateur des magasins Au Printemps “Premier magasin entièrement électrifié” et l’inventeur des soldes. Car c’est en épousant une cliente, Augustine Figeac (1821 – 1883), comédienne à la Comédie Française qu’il empoche une dot de 300 000 francs. Pas très féministe pour celui qui fut le créateur du magasin de l’élégance, du luxe et de la beauté…
Albert Drachkovitch (Belgrade 1928) vit à Garchy depuis 1939 et depuis 1951 du succès de ses toiles. à ses heures perdues, Albert pêche le carnassier et utilise alors un petit poisson mort que l’on agite pour attirer les gros poissons (comme les paradis fiscaux). Cette invention réalisée en bord de Loire a depuis fait le tour du monde et le système Drachko reste indétrônable depuis les années 80.
C’est en voyant s’écraser plusieurs mineurs à La Machine après la rupture d’un câble que Jean-Baptiste Machecourt (La Machine
1803 – 1865) eut l’idée de mettre au point en 1845 un système destinéà arrêter la cage en cas d’accident : le parachute. N’ayant pas déposé son brevet, c’est un certain Esha Otis qui lui ravit l’invention, la présente aux Etats-Unis et devient alors l’inspirateur d’une des plus grosses multinationales exploitant les ascenseurs : la société OTIS.
Si l’on garde en mémoire le nom de Annie Hervé née Annie Noël (Château-Chinon 1917 – Paris 1995), c’est d’abord parce qu’elle fut une résistante courageuse qui fit évader 24 prisonniers
du Palais de Justice de Paris dont son mari, le journaliste et homme politique Pierre Hervé. Dans la nuit du 8 au 9 juillet 1941 avant d’être arrêtée et déportée en 1944. Mais aussi parce
que c’est pour lui rendre hommage que Jacques Prévert écrivit le poème Barbara."
Et encore d'autres personnalités évoquées dans ce bel article du magazine nivernais : "Les anecdotes historiques qui font rayonner la Nièvre".
Allez, partons sur les routes nivernaises au départ de la préfecture qu'est Nevers.
Suivons la Nièvre, justement, pour nous rendre à Coulanges-les-Nevers, et plus précisément au jardin de Forgeneuve.
"Pourquoi au jardin de Forgeneuve ?", me demanderas-tu.
"Eh bien, pourquoi pas !", te répondrais-je.
Coulanges-les-Nevers est une commune touchant Nevers... d'où son nom, mais pas que, puisque Coulanges vient du latin colonica, terme de droit féodal, qui désigne une terre cultivée par un colon. Voilà, on a bien avancé là.
Le jardin de Forgeneuve, où nous nous rendons, appartient au domaine de... de... de... Forgeneuve ! Ouais, gagné !
Une petite balade visite dans ce parc de 20 hectares avec jardin, rivière, étang, verger et forêt.. Le parc possède également des bâtiments préexistants d'une ancienne forge, avec son réseau hydraulique alimenté par la Nièvre qui traverse les lieux.
Toute une histoire autour de ces forges nivernaises.
"A l'époque Gallo-Romaine, une grande exploitation agricole occupe la vallée de la Nièvre de Pont Saint Ours à Saint Saturnin. Du 10ème au 15ème siècle, plusieurs petites forges travaillent le long de la Nièvre. En 1640, construction de FORGENEUVE par Pinet des Ecots. Un pionnier de la sidérurgie moderne, Babaud de la Chaussade, rénove Guérigny et fédère plusieurs entreprises dont Forgeneuve qui devient un laminoir. Le groupe de Guérigny fournit alors 10% de l'acier consommé en France. En 1793, les forges sont réquisitionnées pour la fabrication d'armes. En 1815, les Usines de Forgeneuve, Pont St Ours et le Gué d'Heuillon sont rachetées par Antoine FOUQUE, qui les modernise. Il emploie 110 ouvriers très spécialisés venant d'Irlande, Belgique, Allemagne et fait construire la « Caserne » pour les loger dans un confort rare à l'époque. Faillite de FOUQUE en 1832, les forges sont reprises par le Maire de Nevers, Jean Desveaux et le député Jacques Manuel et Benoist d'Azy Sénateur. Les trois usines emploient alors 250 ouvriers.
Le Maître de Forge achète Forgeneuve et Pont St Ours, construit une nouvelle demeure et plante un parc, mais en 1852, à l'arrivée du chemin de fer, la sidérurgie est en crise avec l'arrivée des produits lorrains. En 1856, il n'y a plus que 30 ouvriers. L'activité de Forgeneuve et les installations modifiées pour la production de pièces de précision en tôle et fer blanc. En 1870, c'est fini pour cette forge, c'est l'une des dernières en France à fonctionner au charbon de bois.
Forgeneuve reste le centre d'une vaste exploitation agricole et forestière qui est démembrée au fil des partages successoraux. A partir de 1965, ce qui reste du domaine n'est plus entretenu et les bâtiments se dégradent. En 1980, la propriété, réduite à une vingtaine d'hectares est rachetée par un parent des Métairie, Monsieur Denis, qui ayant obtenu l'inscription à l'Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques, entreprend des travaux importants de restauration des bâtiments, du bief et du parc."PARCS ET JARDINS
Le domaine de Forgeneuve est un domaine privé, quelques fois ouvert au public pour accueillir des peintres en exposition, entre autres.
On peut ainsi se balader, errer dans le jardin labellisé« Jardin Remarquable » créé en 1948 et retravaillé depuis les années 1980. Il offre de nombreuses variétés d'arbres et d'arbustes, de plantes vivaces et de fleurs colorées. Un vrai feu d'"artifices naturels".
Tout cela est très joli, mais ça donne faim.
Nous quittons en famille le domaine de Forgeneuve pour aller chercher un peu d'ombre et de bons plats du côté de Sauvigny-les-Bois.
En ces temps de canicule, de chaleur et d'incendies, le mot "bois" revêt une connotation tout à fait désirable.
Cette petite commune discrète se situe à 9 kilomètres de Nevers. Elle est cernée par les arbres, les ruisseaux de Faye et du Magny, ainsi que les étangs des Roses et de Machy.
C'est vers le ruisseau du Magny que nous nous dirigeons, et plus particulièrement au restaurant gastronomique Le Moulin de l'étang.
Très beau cadre. Calme, aéré. Terrasse ombragée donnant sur l'étang des Roses.
C'est le chef François Martin qui est aux fourneaux, proposant des produits frais du terroir bourguignon. Le menu à 37 euros propose deux entrées au choix, puis poisson ou viande, fromage ou dessert. Exemples : chaud et froid de foie gras de canard aux cèpes, Turbot rôti comptée d'oignons à la framboise, Ris de veau braisé dans son jus Fricassée d'escargots de Bourgogne aux artichauts sauce pistou, , morue fraîche comme dans les crampottes, le délice de Pierre lait d'amande, Crème brulée au yuzu.
Aujourd'hui, nous avons choisi ces plats.
Comme les produits sont frais et que le menu change presque tous les jours, j'ai eu la bonne idée de ne pas noter ce que j'ai choisi et manger. Du coup, je peux juste te dire que c'était excellent. Surtout le dessert avec cette petite touche de yuzu, incroyable !
Laissons passer l'après-midi et la digestion en se prélassant sur les bords du canal latéral à la Loire.
Et repartons...
Avec McFly, je fais une petite entorse à ce vagabondage nivernais en me rendant dans le département du Cher, département voisin. Le but : aller voir le nouveau projet de Sébastien Cherrier.
Après le Bar truck c'est l'occaz'...
"Né dans le Berry, le Bar Truck c’est L’Occaz est une première mondiale !
Le principe est simple : un bar ambulant pour animer les villages qui n’ont plus de bistrots.
A bord de son Bar Truck, Sébastien sillonne les communes du Berry, à Précy, Azy, Rians, Etrechy, Villequiers, Herry… pour recréer du lien social.
Tous les soirs dans une commune différente, le camion se transforme en troquet et tout le monde peut se rassembler sous le barnum pour profiter d’un verre, d’une discussion et faire des rencontres."BOUGE TON COQ
Voici le Barbu's !
C'est à Jussy-le-Chaudrier que Sébastien a installé son bar fixe... dans un bus.
Posé sur un parking de la petite commune berrichonne de quelques 600 habitants, le Barbu's est un bar installé dans un bus aménagé. Il propose également des petits services d'épicerie (dépôt de pain, conserves, pâtes, boisson,...). Tout autour de ce bel aménagement, on retrouve une scène pour des prestations musicales, ainsi que des food truck (pizza, hamburgers et autres). U nouveau lieu de convivialité dans ce coin du Cher où les premiers commerces sont à plusieurs kilomètres.
Nous buvons une, deux bières avec un peu de jambon en remarquant les venues de gens de tous âges et de tous milieux. Tout ce petit monde se mélange aux sons du groupe musical présent. Ça parle, ça rit, ça se mélange, ça échange. C'est chouette.
Après ce petit moment de pause, retour en Nièvre, et plus précisément à Brinon-sur-Beuvron où se tenait le festival Les petites rêveries.
Ah oui, quand on regarde la carte, on voit bien que ce petit village est un peu isolé au nord du département. Les "grandes villes " comme Clamecy, Corbigny ou Prémery sont à une vingtaine de kilomètres.
C'est pourtant là que le festival Les petites rêveries ont décidé de s'installer, soutenu par les autorités locales et par 180 bénévoles conquérants, dynamiques et conviviaux.
"Les Petites Rêveries se déroulent chaque année début juin dans le petit village de moins de 200 habitants : Brinon sur Beuvron.
Une fois par an, ce n’est plus aux habitants de se déplacer en ville pour voir des spectacles variés et de qualité, mais se sont ces spectacles qui se déplacent à Brinon sur Beuvron.
Du théâtre, du cirque, des conférences, de l’humour, des marionnettes, de la chanson, de la danse et plein d’autres trucs aussi étonnants qu’inclassables."LES PETITES REVERIES
Le centre du village est interdit à la circulation, permettant aux festivaliers de déambuler dans les rues, de maisons en jardins où se tiennent des petites spectacles variés. C'est vivant, pluraliste, éclectique et chaleureux. Toutes les populations, tous les âges sont présents. Tout le monde a le sourire.
Si cette année je suis venu dans ce charmant petit village nivernais convivial et chaleureux, c'est parce que ce soir là, les frères Colle passaient sous le grand chapiteau.
Vus à l'émission "La France a un incroyable talent" sur M6, les frères Colle ce sont trois frères, Clément, Cyrill et Stéphane, "qui tambourinent depuis leur naissance pour offrir une performance de jonglerie musicale virevoltante et remplie d’humour. Entre rythmes effrénés et poésie, les frères Colle mélangent allègrement les disciplines." ("Encore un tour").
Un spectacle varié, drôle, inventif et rythmé. Effectivement. Très bien. Cette prestation a, de plus, la particularité de toucher tous les publics, des plus jeunes aux moins jeunes. C'est également une des marques de ce festival des Petites rêveries où l'on se sent de suite très bien.
Quelques extraits filmés pendant le spectacle...
Tout d'abord, l'ouverture.
C'est cette performance qui avait retenu l'attention des spectateurs et du jury
lors de l'émission de M6.
Et puis le spectacle continue et alterne les performances artistiques, rythmiques et physiques.
Le spectacle se termine une heure et demie plus tard. Les spectateurs sortent heureux, la tête pleine de rythmes.
Pour ma part, je reprends la voiture pour rentrer à Nevers.