J'aime bien ce genre de titre énigmatique qui peut soulever en chaque lectrice/teur des interrogations aussi variées que pourquoi, comment.
Quand soudain, ne voilà-t-il pas...
J'ai cherché dans l'histoire de la littérature et du cinéma s'il y avait des titres de livres et de films portant des noms de trajets inattendus comme celui qui ouvre ce nouveau billet : "De Nevers à Précy-le-Sec".
J'ai ainsi trouvé"Montparnasse-Pondichéry"(1994) d'Yves Robert, "L'Asie cavalière. De Shanghaïà Moscou"de Catherine de Bourboulon, "Les grandes routes : De la route de la soie à la route du thé" d'Annick de Giry, ou encore, bien sûr, l'excellent Sylvain Tesson avec, entre autres, L'Axe du loup : de la Sibérie à l'Inde sur les pas des évadés du Goulag.
Je me souviens de cette citation extraite de son livre "Dans les forêts de Sibérie" : "On dispose de tout ce qu'il faut lorsque l'on organise sa vie autour de l'idée de ne rien posséder."
Tu peux retrouver son documentaire en cliquant sur ce lien : Dans les forêts de Sibérie.
Et puisque Noël n'est pas si loin derrière nous, je me souviens également de celle-ci :
"Etre né sur la paille, avoir échappéà Hérode et finir sur une croix, tout ça pour que, le 24 décembre, les foules hystériques se battent devant les vitrines, obsédées par cette question : faudra-t-il ouvrir les magasins le dimanche au cas où l'on aurait pas le temps de remplir les hottes de Noël ras-la-gueule ?."
Mais revenons à nos moutons !
Pour cette idée de périple d'un endroit à un autre, nous aurions également pu
évoquer le périple effectuer par ce cycliste...
Mais non ! Pas de forêts de Sibérie dans ce billet ! Pas de Parla ! Pas de Montcuq !
Aujourd'hui, nous naviguerons entre la Nièvre et l'Yonne, de Nevers à Précy-le-Sec... d'où le titre de ce billet.
Plusieurs questions se posent alors : pourquoi un tel voyage ? Pourquoi un tel itinéraire ? Pourquoi partir de Nevers ? Pourquoi aller à Précy-le-Sec ? Y'a-t-il un jeu de mots ?
Eh bien, tout d'abord, si nous partons de Nevers, c'est tout simplement parce que je m'y trouvais au moment où j'ai décidé d'aller à Précy-le-Sec.
Mais pourquoi aller à Précy-le-Sec ? Eh bien tout simplement parce que c'est plus court d'aller à Précy-le-Sec depuis Nevers que d'y aller depuis Bayonne. Eh ouais. Voilà.
Alors, tout ça, c'est bien gentil, mais il faudrait peut être savoir quelle route nous allons prendre et par où nous allons passer sachant que Nevers et Précy-le-Sec sont distants de quelques 84 kilomètres à vol d'oiseau.
Mais comme nous allons nous y rendre à voiture, la distance sera plus longue.
Voyons de suite l'itinéraire choisie afin de mêler route et découvertes.
NEVERS → GUERIGNY → PREMERY → SAINT REVERIEN → ÉTANG DE BAYE → CHITRY-LES-MINES → BAZOCHES → VEZELAY → VOUTENAY-SUR-CURE → PRECY-LE-SEC 128KM
Et c'est parti !
Je quitte Nevers par le nord et la D977. Belle route départementale, passant sous l'Autoroute de l'Arbre avant de traverser La Chaume au cul rond.
Oui, effectivement, on peut s'interroger sur l'origine de ce nom.
Alors, prenons chaque mot individuellement.
LA CHAUME : nom de lieu, ou lieu de pâturage, ou paille longue utilisée pour le toit des maisons, ou tige des graminées, ou nom de personne (exemple : Simone de La Chaume était une golfeuse française)
CUL: partie postérieure du bassin chez l'être humain, ou en architecture navale le cul désigne la forme de l'arrière d'un navire.
ROND: Figure circulaire.
Rapprochons le tout, peut être que le nom de cette commune doit son origine à un lieu de pâturage qui avait la forme d'un cul circulaire.
Voilà.
La D977 s'en va ensuite longer les multiples ruissellements de la rivière la Nièvre entre Pont-Saint-Ours et Urzy.
Oui, effectivement, on peut s'interroger sur l'origine de ce nom. Le rapprochement de ces trois mots pour n'en former qu'un est intrigant.
PONT : Ok, il y a des ponts à Pont-Saint-Ours qui enjambent la rivière La Nièvre.
SAINT : je ne sais pas trop.
OURS : y'avait-il des ours dans la région ?
Si nous rapprochons le tout, peut être que l'origine du nom de cette petite commune nivernaise proviendrait du fait qu'un ours est un jour passé sur un pont pour venir prêcher la bonne parole aux habitants ; ce qui lui conféra la dimension de saint, saint Ours. Ou alors peut être qu'un ours est venu ici pour construire un pont afin de permettre aux habitants de traverser la Nièvre en crue et, du coup, ben voilà : le pont Saint Ours.
Hein ? OK, continuons.
Ici, la rivière La Nièvre se divise en plusieurs cours, arrosant largement la petite vallée. Ainsi, d'autres panneaux originaux apparaissent sur le bord de la route...
De passage à Urzy, c'est encore un autre panneau qui capte mon regard furtif de conducteur.
Un panneau de jumelage. C'est intrigant les jumelages de villes ou villages avec d'autres villes ou villages d'un autre pays. Personnellement, cela m'a permis de voyager en Europe quand j'étais jeune. Tu veux qu'on en parle ? Oui ! Ok.
J'avais 8 ans lorsque j’entrais en classe de CM1. Mon instituteur était alors M. Faussat. Les élèves en avaient peur car il était rugbyman et avait une fâcheuse tendance à foutre des coups de pied au cul aux élèves dissipés -chose qui ne fait plus aujourd'hui je crois. Quand ce n'était pas un coup de pied au cul, c'était soudainement l'éponge du tableau à craie qui t'arrivait miraculeusement dans la tronche.
Mais j'ai passé une bonne année scolaire dans l'ensemble, comme en témoigne mon imparable carnet de notes !
Mais c'est pas de ça que je voulais parler. Non ! C'est également cette année là, en 1984, que je découvrais que Nevers était jumelée avec la ville de Koblenz en RFA... Ah oui, à cette époque, l'Allemagne était encore divisée en deux : RFA (Allemagne de l'Ouest) et RDA (Allemagne de l'Est)... Ainsi, dans le cadre de ce jumelage, des jeunes d'école primaire ont pu se rendre là-bas pour une semaine dans une famille d'accueil. C'était mon premier grand voyage. Je n'ai malheureusement aucune photo, mais quelques souvenirs comme celui d'avoir bu ma première bière sans alcool et d'avoir mangé pour sweul diner une saucisse dans de la soupe.
Quelques années plus tard, autre jumelage, autre voyage. Cette fois ci, nous sommes en 1986 et je découvre que la ville de Château-Chinon où vivent mes grands-parents est jumelée avec la ville italienne de Cortona. En cette année 1986, un voyage est organisé pour permettre à la population chateau-chinonaise de rencontrer la population cortonaise en se rendant là-bas, en Italie. Mes grands-parents maternels invitent ma soeur et moi au voyage.
Je ne me souviens pas beaucoup de Cortona, mais des différentes villes que nous avons traversées et visitées durant notre périple en bus : Milan, Parme, Bologne, Florence, puis Rome, Pise, Sienne, San Remo, Gènes,...
Mais de quoi on parlait déjà ?
Ah oui : jumelage, panneau, Urzy.
Alors, avec qui est jumelé Urzy ?
Kamp-Bornhofen ! Ah d'accord. C'est où ? C'est qui ? C'est quoi ?
"Kamp-Bornhofen est une municipalité du Verbandsgemeinde Braubach, dans l'arrondissement de Rhin-Lahn, en Rhénanie-Palatinat, dans l'ouest de l'Allemagne." WIKIPEDIA
Voilà ! Bon... j'espérais avoir une petite anecdote, un truc, une histoire à raconter, mais non. Je poursuis ma route pour arriver à Guérigny où un phare posé sur un rond-point m'accueille juste après le centre-ville.
J'ai pas trop compris pourquoi il y avait un phare ici. Guérigny n'est quand même la ville la plus proche de la mer ou de l'océan quand on regarde une carte.
On est bien d'accord ? Alors pourquoi ce phare ? Peut être parce que Guérigny est jumelé avec une ville se trouvant en bord de mer ? Voyons.... Guérigny est jumelée avec la ville belge de Meix-devant-Virton. Ooh quel nom étrange ! Voyons où cela se trouve.Ah ben non, pas vraiment.
Mais quel rapport peut-il y avoir entre Guérigny et un phare ?
Après quelques recherches, j'ai finalement trouvé son origine : il a été posé ici en juillet 2018 afin d'illustrer l'exposition "Des phares et des hommes" qui avait lieu dans la ville alors.
Mais pour quoi une telle exposition ici ?
Eh bien, pour le comprendre, il faut prendre à gauche au rond-point et se diriger vers les anciennes Forges Royales de la ville, reconverties en musée.
"Le musée Forges et Marines retrace l'histoire des Forges Royales de Guérigny qui ont pendant des siècles fourni la Marine Royale en pièces métalliques de sécurité (ancres et chaînes). Une nouvelle exposition thématique y est présentée chaque été. Le site lui-même, son aménagement hydraulique et ses bâtiments des XVIIIe et XIXe siècles est un lieu de promenade et le centre d'excursions vers les sites secondaires répartis sur tout le territoire de la communauté de communes.
Haut lieu de la manufacture française, représentatif du patrimoine culturel et de la mémoire du passé industriel, les Forges, ont durant de nombreuses années servi la Marine. Ainsi le musée situéà Guérigny est géré par l'association des « Amis du Vieux Guérigny » vous entraîne dans l'univers de fer et de feu qu'ont connu bon nombre d'ouvriers.(...)"OFFICE DU TOURISME DE NEVERS
Guérigny aurait également pu ériger ici une statue de l'écrivain et philosophe Jean-Paul Sartre. En effet, on découvre une plaque apposée sur une colonne à l'entrée du château de la Chaussade, situéà côté des anciennes Forges Royales.
Jeune, l’auteur de La Nausée est venu régulièrement dans la cité des Forges, en visite chez son oncle, Georges Schweitzer, polytechnicien et ingénieur principal de marine. L'écrivain a évoqué ses séjours guérignois dans quelques lignes dans Les mots. C'est ici qu'il a découvert le monde du travail et celui des forgerons.
"A Guérigny où nous passions la dernière quinzaine de juillet, mon oncle Georges nous emmenait visiter les fonderies : il faisait chaud, des hommes brutaux et mal vêtus nous bousculaient ; abasourdi par des bruits géants, je mourrai de peur et d’ennui ; mon grand-père regardait la coulée en sifflant, par politesse, mais son œil restait mort."
Je quitte le domaine des Forges Royales pour traverser la rue principale de la ville afin d'aller rendre une petite visite à l'ancien cinéma, Le Rex.
Fermé depuis 1970, il possédait une salle unique de 250-300 places avec balcon dès 1950.
Aujourd'hui, il est toujours debout, toujours impressionnant par sa stature et sa façade d'un autre temps. Mais toujours pas de repreneur. Il avait réouvert le 14 juillet 2010 en projetant le film de Jacques Tati, "Jour de fête". Une association, "Cinérex" a ensuite vu le jour pour sauvegarder le cinéma et diffuser des films. Le 2 juillet, "La guerre des boutons" d'Yves Robert est projeté. L'association compte une cinquantaine d'adhérents. Et puis... et puis... depuis 2012, plus de nouvelle.
Je quitte Guérigny pour me diriger plein Nord en suivant la D977. Poiseux...
Oh putain, qu'est-ce que c'est que ce nom ? Poiseux ! Ça fait penser à poisseux, poissard, la poisse. Quand on regarde bien chaque éthymologie, on remarque que les sens sont différents, mais tous peu avenants.
Poisseux : Gluant, collant.
Poissard : Qui emploie des mots vulgaires, orduriers.
Poisse : Malchance.
Et pourtant, le nom de ce village nivernais provient plutôt du mot latin Puteus qui, comme chacun le sait, se traduit par le mot puits. Ben oui, ben oui.
On continue avec les villes et villages de Sichamps, Prémery. Attention, HOP HOP : je quitte la D977 pour emprunter la D977bis... ah, ah : rien à voir ! Et celle-ci me fait aller plein Est, direction la ville-village de Saint-Révérien. Et là...
CE SONT LES GRANDS ESPACES !
Magnifiés par ces contrastes terre-ciel.
Des champs à perte de vue, immenses.
Quelques 15 kilomètres plus tard, j'arrive à Saint-Révérien.
SAINT RÉVÉRIEN
Une vue panoramique à la sortie d'un virage en épingle propose une belle vue sur la commune, dominée par son imposante église romane du XIIème siècle.
C'est très avenant vu d'ici. Par contre, malheureusement, quand on arrive en viiiiilllleee ♫, On arrive de nulle part, ♫ On vit sans domicile, ♫ on dort dans des hangars, ♫ Le jour on est tranquille, ♫ On passe incognito, Le soir on change de peau ♫ et on frappe au hasard ♫.... Oui donc, quand on arrive en ville, on découvre que celle-ci est envahie par les travaux. De plus, de nombreux commerces sont hélas fermés et la route principale ainsi que quelques autres sont jonchées de nids de poule.
Mais que s'est-il passéà Saint-Révérien ? Ça avait l'air si sympathique... Et là, elle a des allures de ville fantôme.
Je me rends à une des attractions touristiques de la ville : la fontaine sacrée.
Refaite au XXème siècle, c'est saint Révérien qui l'a fait jaillir lorsqu'il arriva dans ces lieux au IIIème siècle. Elle a fait l'objet d'un pèlerinage qui perdura jusqu'au XIXème siècle. Il paraît qu'elle possède des vertus curatives dans la guérison des maladies du foie et de la rate qui ne furent jamais exploitées. Elle ne tarit pas.
Bon... C'est glauque. Saint-Révé...rien. Dommage. Je me dirige maintenant vers l'église, l'église Saint-Révérien de Saint-Révérien.
Elle doit son nom, ainsi que le nom de la ville, à... à.... à... Saint Révérien ! Ouais, y'en a deux qui suivent !
Et qui était Saint Révérien ?
Eh bien, voilà :
"Saint Révérien (dit en latin Révénérius), était un évêque d'Autun. Il était d'origine italienne, envoyé par le pape Félix 1er pour évangéliser les tribus éduennes de la Gaule. Martyrisé, il fut décapité avec son ami Paul et dix autres de leurs compagnons le 1er juin 273.
À l'emplacement de son martyre, fut établie une celle (en latin cella, maison monastique), puis un prieuré bénédictin, connu sous le nom de Prieuré Saint-Révérien, qui semble avoir été au départ dans les biens du diocèse d'Autun à celui de l'Abbaye Saint-Martin d'Autun par la volonté de Charles le Gros en 880. Il devint une dépendance de l'Abbaye de Cluny et un lieu de pèlerinage." WIKIPEDIA
Tu l'auras compris : saint-Révérien a été décapitéà l'endroit où se trouve aujourd'hui l'église Saint-Révérien.
C'est ainsi que la ville devint un haut lieu de pèlerinage, ainsi qu'une étape sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle.
Entrons.
Ecoute, cela doit être le seul endroit de la ville où il n'y a pas de travaux.
Aujourd'hui, l'église abrite l'un des plus importants ensembles artistiques romans de la Nièvre : on y découvre dans le chœur et le déambulatoire, des chapiteaux sculptés sur quatre faces et des graffitis.
Ses trois chapelles rayonnantes sont quant à elles ornées de peintures murales.
Ses fresques du XVème siècle sont d'un auteur inconnu.
On trouve également dans l'édifice de curieuses pierres tombales et une statue en pierre de Révérien datant également du XIVème siècle.
Pour plus d'informations : BOURGOGNEROMANE.COM.
Bon... ben... On ne peut pas boire un coup dans un bar, on ne peut pas bouffer dans un resto, il n'y a pas de concert en vue. Il n'y a pas de musée à visiter ; de toute façon, s'il y en avait un, il serait fermé.... MAIS NON : JE NE DÉPRIME PAS !!!!!!
C'est juste que c'est chiant de voir tous ces lieux de vie et de convivialité fermés. C'est à se demander ce que je fais par les routes. Tu ne croises personne, tu ne peux rencontrer personne. Tout est fermé, en travaux, glauque ! Les lieux où tu peux apprendre des choses ou écouter des histoires sont clos !
ALLEZ !
ON SE RESSAISIT !
Je quitte Saint-Révérien, ses commerces fermés et ses travaux. Puisque les bars, restaurants et lieux culturels sont fermés, allons nous promener dans la nature. Je prends alors la direction de Baye, bien connu dans le département pour son étang, sa base nautique et ses promenades.
Oooh des vaches !
J'aime bien les vaches
Ouais, c'est cool les vaches !
Bon, eh oh on se redonne le moral comme on peut !
Après avoir emprunté une bien jolie route portant le nom de D277, puis D181, passant au passage par le village de Vitry-Lâché, j'arrive à l'étang de Baye qui est en fait l'étang de Vaux, encore appelé ruisseau de Venin. Ouais ben, me demande pas pourquoi, et, en même temps, pourquoi pas.
Juste avant que la route ne passe au-dessus de l'étang de Vaux, je gare la voiture sur un petit parking en terre jouxtant, apparemment, un panneau de randonnée.
Une randonnée ? Mais oui, voilà ce qu'il faut en cette période où bars, restaurants et lieux culturels sont fermés. Une promenade dans la nature. Et quelle est-elle alors ?
DANS NOTRE PROCHAIN ÉPISODE
Quitter la ville pour rejoindre la nature. Est-ce une si bonne idée que cela ? Et combien de temps cela va-t-il durer ? Et pourquoi Jénorme va-t-il à Précy-le-Sec, bon sang ?