Ohla comment que je te tente des titres là ! Un jour, un lac... Ooooh... Et de quoi cela va parler ?
Eh bien d'un jour où Jénorme s'est rendu à un lac.
Quand soudain, ne voilà-t-il pas...
Ah ben je peux te dire que depuis que l'on est déconfiné, j'ai une de ces envies de lac de montagne !!!!
Dès que le week-end arrive PAF, je pars !
Mais d'où cela vient-il ?
Tout simplement de l'envie de grands espaces, d'efforts, de solitude... "Mais la solitude, ça n'existe pas !", comme le chantait Gilbert Bécaud en 1970. Extrait de chanson également reprise l'espace de deux secondes par Mimosa dans le film "Une époque formidable" de Gérard Jugnot en 1991.
Tiens, puisqu'on en parle, Gilbert Bécaud, en 1967, piqua la seule femme avec qui fut marié Claude François, Janet Woollacott. Coïncidence : M. 100 000 volts se met en couple avec la femme de ce chanteur populaire qui mourra d'électrocution dans sa baignoire.
Et puisque nous étions en période d'élections municipales, te souviens-tu comment le journal Libération avait annoncé la mort du chanteur à paillettes le 12 mars 1978 à la une de son édition ?
Non.
Eh bien voilà !
Photo : Libération
Un tout petit encart pour un des chanteurs français les plus populaires... Bon, un peu tyran et machiste, mais populaire.
BREF : mais de quoi je parlais moi là ?
Ah oui : pourquoi une telle envie de lac de montagne ?
Eh bien oui, la solitude.
Pourtant, pendant le confinement, j'étais bien isolé aussi. Je ne voyais pas grand monde, mais ce n'était pas pareil. Déjà, je ne l'avais pas décidé, et puis être seul dans un appartement et seul en haut des montagnes dans un paysage fantastique, naturel, calme,... ça n'a rien à voir.
Tiens, en parlant de solitude, j'ai lu dans la presse que les autorités américaines avaient été obligées de déplacer le bus 142 dans lequel Chris McCandless est décédé en 1992 après y avoir vécu quatre mois à l’écart du monde.
Hein ? Ah oui, merde, j'en ai déjà parlé dans le précédent billet (cf : In ter Mède)
BON EH OH : ON AVANCE !
Un jour, un lac : aujourd'hui, partons pour le lac de Lhurs.
Ce lac de montagne est situé dans la vallée d'Aspe, du côté de Lescun et son magnifique cirque.
Attention : ne pas confondre Lescun avec Lescuns.
LESCUN : Située à 900 mètres d'altitude -ce qui fait d'elle la plus haute commune des Pyrénées-Atlantiques- , Lescun est une commune de 172 habitants, faisant partie de la vallée d'Aspe.
LESCUNS : Commune de Haute Garonne, Lescuns est accessible par la sortie n°22 de l'A64.
C'est parti !
BAYONNE → A64 → SALIES-DE-BEARN → SAUVETERRE-DE-BEARN → ANDREIN → LAAS → NARP → NAVARRENX...
On va faire un petit détour pour passer à Ogenne-Camptort afin de rendre un petit hommage àJean-Louis Magendie, le sculpteur-concepteur de la table d'orientation du village qui nous a quitté le 9 juin dernier à l'âge de 80 ans.
OGENNE-CAMPTORT → PRECHACQ-JOSBAIG → MOUMOUR → OLORON-SAINTE-MARIE → BIDOS → SARRANCE → BEDOUS...
Attention,
troupeau de brebis sur la route
regagnant les estives !
On reprend.
...BEDOUS → ACCOUS → LESCUN 149km
Et j'arrive à Lescun où je retrouve Nathalie, Louise, Axel et Grégo qui m'attendent à l'intérieur de l'église. À l'intérieur de celle-ci, Isabelle -que nous en connaissons pas- a écrit un joli mot sur le cahier de l'office...
Mais oui, elle a raison bordel ! C'est quoi ce manque d'ambiance !!!! Faites venir du gros son, des lights, merde !
Il faut dire que Lescun semble se dépeupler un peu plus chaque année. Je regardais les chiffres démographiques pour constater qu'en 1866, il y avait ici 1571 habitants. Aujourd'hui, comme je le disais plus haut, ils ne sont plus que 172 Lescunois. On peut se poser la question : pourquoi ? Si, si, si, on peut se poser la question. Mais là, on n'a pas trop le temps d'y répondre.
Ce qui m'intrigue aujourd'hui en arrivant dans ce beau village reculé des Pyrénées, c'est que l'on ne voit pas du tout le magnifique cirque qui fait face à la commune...
LE CIRQUE DE LESCUN
PAR BEAU TEMPS
LE CIRQUE DE LESCUN
PAR BROUILLARD
Bon ben... Non, mais... C'est rien ça... Une fois là-haut au lac, on sera au-dessus des nuages... C'est ce qu'il s'était déjà passé en juin 2013... Souviens-toi !
Malgré cette brume bien accrochée aux flancs des montagnes, nous décidons tout de même de nous rendre au lac. La randonnée n'est pas dangereuse et je la connais bien puisqu'après juin 2013, j'y étais retourné en août 2014.
Pour rejoindre le départ du sentier du lac de Lhurs, il faut encore faire quelques kilomètres après avoir passé Lescun afin de rejoindre le lieu-dit Anapia.
Une fois arrivé sur le petit parking, on se met en place avec une petite révision des différents paramètres de la randonnée du jour.
Pour aller au lac de Lhurs, il te faudra marcher pendant 2h30 sur une distance de 6 kilomètres par un dénivelé positif de plus de 750 mètres. Tu traverseras des forêts profondes, longera des ravins profonds (aussi), empruntera des pentes abruptes, etc etc.
Nous prenons le départ du sentier et ça commence plutôt mal car après deux mètres de marche intensive, nous nous rendons compte que nous avons pris la direction du plateau de Sanchèse plutôt que celle du lac.
Bon, c'est chouette le plateau de Sanchèse. Il faut une heure pour y aller, le dénivelé n'est que de 135 m. Une fois arrivé, il y a un beau plateau herbeux, une belle cascade où nous nous étions déjà rendus en mai 2012...
Mais c'est pas notre objectif aujourd'hui. Aujourd'hui, c'est le lac de Lhurs.
Nous faisons donc demi tour sur la piste pour rejoindre un petit chemin herbeux sur la droite.
Comme le brouillard ne s'est toujours pas levé, impossible de voir les Orgues de Camplong et le pic Oeuillarisse qui nous font face.
Alors puisque nous ne pouvons voir les beaux paysages environnants, concentrons-nous sur la faune et la flore beaucoup plus proche.
Rosée sur toile d'araignée
Nous avançons sur un large chemin. La montée est douce... pour le moment...
Sans brouillard, à ce niveau, nous aurions pu voir face à nous le Dec de Lhurs (2176m) et le massif du Grand Billare (2318m). Alors, nous nous émerveillons sur qui de un arbre, ou qui de des vaches.
Mais oui, c'est sympa aussi les vaches et les arbres.
Nous arrivons à un petit croisement. Alors que la large piste continue plein nord, un panneau jaune de randonnée nous conseille de prendre un petit sentier sur la droite avec l'indication "Lac de Lhurs 2h10". OK, d'accord, pas de problème.
Nous entrons dans un bois ou une forêt ; avec ce brouillard je ne vois pas très bien.
Maintenant, la pente est plus abrupte. Le fait qu'il ait beaucoup plu ces derniers jours ne facilite pas notre progression. Le sentier est boueux et glissant. Va-t-on parvenir à rejoindre le lac de Lhurs ? Suspense ! Les enfants se battent comme de beaux diables...
Tiens, mais d'où vient cette expression "Comme un beau diable" ?
QUELQUES MINUTES PLUS TARD...
Ben écoute, j'ai cherché et je n'ai pas trouvé l'origine de cette expression. Par contre, j'ai trouvé"Se démener comme un diable dans l'eau bénite" ou encore "au diable vauvert".
AU DIABLE VAUVERT
"Dès le XVe siècle, "faire le diable de Vauvert" signifiait "s'agiter comme un beau diable", mais sans qu'aucune notion de distance ne s'y rattache.
Cela n'explique donc pas non plus le pourquoi de ce vauvert lointain et le diable qui s'y accroche.
Ce nom était aussi celui d'une abbaye de Chartreux située au sud de Paris, à peu près là où se trouve actuellement le carrefour Denfert-Rochereau. Il faut d'ailleurs reconnaître que, pour aller au diable, la première partie du nom du carrefour n'est pas mal du tout... Cette abbaye aurait été le théâtre de manifestation plus ou moins diaboliques, peut-être orchestrées par les moines eux-mêmes pour que le roi Louis IX leur fasse donation du domaine.
Il existait également un château de Vauvert à Gentilly qui aurait servi de repaire à des bandits redoutés. Il y avait aussi un Vauvert près de Nîmes, où les protestants ont détruit un sanctuaire dédiéà la Vierge.
Il est donc possible qu'un de ces 'Vauvert' considérés comme éloignés de Paris à l'époque, et dans lesquels des évènements 'peu catholiques' se produisaient, a donné naissance à cette expression en le mêlant à"au diable" qui, dès le XVe siècle, voulait déjà dire "très loin"."
EXPRESSIO.FR
Ça, c'est dit, mais, en attendant, le brouillard ne s'est toujours pas levé. Après une progression face à la brume épaisse, nous voici maintenant avançant dans le bois de Bresme et le brouillard. Cela ne nous empêche pas de nous arrêter devant quelques curiosités offertes par la nature, comme ces branches de sapin ressemblant à des mains avec vernis à ongle ou encore ce gros rocher en forme de bouche.
Là, ça monte ! Et même si on ne voit pas grand chose, on le sent dans les jambes.
Cette traversée du bois de Bresme et de Larrangus est bien pentue et offre des vues parfois inquiétantes sur des arbres aux silhouettes inquiétantes...
Après avoir traversé un lieu où beaucoup d'arbres étaient déracinés comme vaincus par la terre arrosée, le sentier est devenu plus étroit et plus dégagé. Hors bois. Les herbes longues humides de rosé caressent nos mollets.
Après ce petit passage rafraîchissant, le sentier se met à passer au pied d'une falaise. C'est le Piquet de Lhurs. Nous sommes alors à 1450 mètres d'altitude.
Cette falaise impressionnante laisse apparaître quelques cicatrices dues à l'écoulements des eaux sur sa surface et dans ses entrailles. D'après les guides, il s'agirait de la base du massif du Grand Billare. D'ici, nous devrions avoir une belle vue sur le Dec de Lhurs, mais... non.
D'après un panneau de randonnée accolé sur cette falaise, le lac de Lhurs est encore à 1,9km, soient 55 minutes de marche. Loulou souffle, mais s'accroche et poursuit de plus belle. Axel, lui, joue avec une limace et fabrique des boules de terre.
Retour du petit sentier, puis, apparemment, nous traversons une zone pierreuse pour ne pas dire un pierrier.
ATTENTION : bifurcation !
Un fléchage jaune discret caché dans les pierres nous conseille de prendre sur notre gauche pour rejoindre le lac de Lhurs. Nous traversons un passage où, semble-t-il, en d'autres temps plus pluvieux, il peut y avoir une rivière qui s'écoule. Apparemment, c'est le ruisseau de Landrosque qui coule ici en provenance direct du lac de Lhurs.
Après cette bifurcation à 180°, nous entrons à nouveau dans un petit bois. Le lac se rapproche, on le sent. Le brouillard, lui, est toujours là.
La veille de cette randonnée, j'étais resté en observation sur le balcon de mon appartement pour regarder les gros nuages "donner vie"à des formes incongrues.
JEU
Trouve des formes et des visages et des trucs
dans la photo de nuages ci-dessus.
ALORS ?
Voilà :
Analysons
un éléphant Un humain qui fume
Karl Marx
Ben ouais. Bon, là, sur le sentier du lac de Lhurs, pas de formes ! Non. Un brouillard épais, dense, unique.
Nous sortons à nouveau du petit bois. Quelques virages en lacets serrés nous amènent sur de nouvelles hauteurs où rochers, herbes et fleurs se sont posés.
Hélianthème commun Raiponce en épi
Ancolie des Pyrénées Androsace velue
Anémones sauvages Gentiane
Orchis mâle Pédiculaire des Pyrénées
Nous avançons. Apparemment, nous en avons fini avec le dénivelé. Le sentier se faufile à présent entre les rochers. Le brouillard devient brume. Une brume mouvante.
Petit à petit, les montagnes, pics et sommets environnants apparaissent, comme par magie.
Apparition de la Table et du pic des Trois Rois
Apparition des pics de Penneblanque
Derrière nous aussi, le paysage se découvre peu à peu pour apparaître au-dessus d'un lit de nuages.
Apparition du Pic de Sesques (2606m)
au-dessus des nuages
Après un peu plus de 2h30 d'ascension, la magie opère. Le brouillard disparaît pour laisser enfin place au ciel bleu...
Ciel moutonné sur le Deck de Lhurs
Bon ben super ! On est content, il fait beau, on peut redescendre dans le brouillard.
Allez salut et à bientôt pour une nouvelle randonnée.
Non eh oh, on déconne !
Alors, ce lac de Lhurs ?
EH BEN VOICI !
Ah oui, on ne le voit pas très bien le lac. Je suis peut être un peu trop près. Mais elle est mignonne cette petite grenouille.
Il s'agit d'une grenouille rousse. Difficile de te dire s'il s'agit d'une femelle ou d'un mâle dont la taille varie selon le sexe : 70 à 80 mm chez le mâle et 75 à 85 mm chez la femelle.
Corps trapu, museau fortement arrondi, œil doréà la pupille horizontale, tympan en général bien visible, deux lignes bien marquées sur le dos.
Hein ? Ah oui, le lac !
VOICI
LE LAC DE LHURS !
Bien blotti dans un cirque minéral à 1691 mètres d'altitude, le lac de Lhurs est dominé par plusieurs pics et montagnes : Le Billare (2309m) à l'Est, les pics de Penneblanque (2378m) au nord, le pic et la Table des Trois Rois (2421m) à l'Ouest, et le Dec de Lhurs (2178m) au sud. Le lac de Lhurs reste sauvage et naturel avec 1,5 hectares d'eau fraîchement descendue des montagnes alentours. Il est le plus occidental des lacs de haute montagne pyrénéenne avec les lacs de la Chouriuque et d'Ansabère situés à la même longitude. La pêche y est autorisée seulement les samedis et dimanches.
Voilà, voilà.
Rapprochons-nous un peu.
Elle est captivante cette pointe du pic des Trois Rois (2444m).
Je me demande d'où vient son nom ? Pourquoi "Trois Rois" ? Qui étaient-ils ? D'où venaient-ils ? Quel rapport avec cette chaîne montagneuse ?
Eh bien, en fait,cette montagne doit son nom doit son nom à sa localisation à la jonction des royaumes médiévaux de Navarre, d'Aragon et de France (Béarn). Selon une tradition, les rois du Béarn, d'Aragon et de Navarre venaient se rencontrer sur ce sommet tabulaire pour conférencer au sommet sans à avoir à quitter leur royaume médiéval respectif.
La Table des Trois Rois est le plus haut sommet de Navarre.
Nous continuons d'avancer en longeant les rives du lac, direction plein Ouest pour s'en aller rejoindre la Cabane de Claveranne ou cabane de Lhurs (1730m). Elle fait office de cabane de berger, mais aussi de refuge hors estives.
Du petit sentier allant à la cabane, nous avons une très belle vue sur le lac de Lhurs avec, en toile de fond, le massif de Sesques qui sort péniblement des nuages.
Attention :
instant fleurs et lac.
Nous arrivons à hauteur de la cabane de Claveranne, également appelée cabane de Lhurs.
Nous sommes à 1787 mètres d'altitude. Elle est occupée par un berger en période d'estive, mais aujourd'hui, il n'y a encore personne.
Enfin, personne... Si, il y a six occupants.
Construite en 1997, la cabane de Claveranne peut accueillir jusqu'à 6 personnes en hiver. Elle possède un poêle et une capacité de couchage à l'étage, sur une mezzanine. Une source d'eau potable se trouve à l'extérieur.
Depuis la cabane, nous avons encore une magnifique vue panoramique sur le lac et sur la Table des Trois Rois.
Après une petite pause contemplation, nous redescendons vers les rives du lac car il est l'heure de boire l'apéro !
Allez, on termine ce billet "Un jour, un lac" avec une petite vidéo titrée "Un lac, une bière".