Ah, ah, ah ! Désopilant ce Jénorme, ah, ah, ah ! Prendre l'air au lac d'Er ! Ah, ah, ah !
Bon, je te le dis tout de suite : je ne suis pas fan des jeux de mots genre "Le retour du jus d'ail" ou "Les motards de Dijon" donc on va arrêter là et se concentrer sur la randonnée du jour, hein, ok, d'accord, bon.
Quand soudain, ne voilà-t-il pas...
L'idée d'aller randonner au lac d'Er pour prendre d'air est venue du fait qu'après trois jours de soleil, les informations nous apprenaient que la France connaissait déjà un important pic de pollution entraînant déjà des restrictions de circulation déjà. Et quand on voit ça, quand on entend ce genre d'infos climatiques dès le mois de février, je ne sais pas toi, mais je me pose beaucoup de questions pour les mois de juin-juillet-août, et plus si affinités.
Que va-t-il se passer ? Qu'allons-nous devenir ? L'humain va-t-il se vitrifier ou mourir dans d'horribles souffrances toxiques dont il est à l'origine de part sa volonté de toujours tout vouloir dominer, modifier, amplifier à l'excès. Oui, l'être humain est dominateur, exécuteur, sans pitié. Consommateur à outrance, gaspilleur à loisir. Prendre, changer, jeter.
DONC aller au lac d'Er pour changer d'air !
C'est par une belle matinée de février qu'avec Fred, nous nous sommes donnés rendez-vous dans le parking souterrain du grand complexe commercial Ametzondo. Ben oui, vu que la météo disait que le soleil allait cogner dur, nous, on s'est donné rendez-vous dans un parking souterrain pour ne pas prendre de risques.
Sur ce parking,
soudain, une vision :
Une voiture post-it-unisée !
Une question se pose alors : Depuis quand ça existe les post-it ?
On peut également se demander qu'est-ce qu'il s'est passé pour que cette voiture soit recouverte de post-it ? Le conducteur est-il au courant de cette tuningsation ? Et si oui, le conducteur peut-il rouler avec ou a-t-il décider de renoncer à la reprendre ? Qui sont les gens qui ont fait ça et pourquoi et quand ? Quel rapport entre cette voiture, son conducteur et les post-it ? Est-ce bien écologique tout cela ? Les Post-it sont-ils eux aussi responsables du réchauffement climatique ?
Bien sûr, nous pourrions attendre tranquillement le retour de la ou du propriétaire de la voiture pour l'interroger, mais il faut bien le dire : on a autre chose à foutre. Il y a de la route pour aller de Bayonne à la vallée d'Ossau car, oui, le lac d'Er se trouve quelque part dans la vallée d'Ossau, soit à 157 kilomètres par l'autoroute.
C'EST PARTI !
Bayonne → A64 → Orthez → Pau → Billière → Jurançon → Gan → Rébénacq → Sévignacq-Meyracq → Louvie-Juzon → Laruns → Eaux-Chaudes → Gabas... Ah merde, non, on est allé trop loin. Demi-tour pour redescendre 1,5 kilomètre plus bas à hauteur d'un grand pylône électrique sous lequel a été improvisé un parking en bord de route. Enfin, un parking... Ce n'est pas le parking souterrain d'Ametzondo qui est, rappelons-le, la huitième merveille du monde moderne après La Grande Muraille de Chine, la cité de Pétra en Jordanie, la Statue du Christ rédempteur à Rio de Janeiro, le Machu Picchu, le site archéologique de Chichén Itzá au Mexique, le Colisée de Rome et le Taj Mahal. Non, ce parking est un banc de terre posé là sur le bord de l'asphalte, comme ça, paf, sans prétention aucune.
Nous nous garons. Pas de problème pour trouver une place puisque nous sommes la seule voiture présente. Pas un randonneur en vue ! Il faut dire que le début du sentier officiel menant au lac d'Er n'est pas des plus engageant aujourd'hui.
Pas évident, hein !
On sent bien qu'il y a une ouverture entre les panneaux,
mais avec la neige, rien n'est moins sûr.
Allez, on se lance quoi ! On n'a pas fait 157 bornes pour aller boire un vin chaud à Formigal !!!
5 heures de marche (aller/retour)
8 kilomètres
800 mètres de dénivelé
Le panneau retraçant le parcours de la randonnée donne envie. Il nous invite à nous rendre dans cette nature sauvage des Pyrénées à la découverte des marmottes et des poissons du lac d'Er. L'excellent site de randonnée de Jean-Paul Dugène nous rappelle également la présence de l'ours dans les parages... Bon, c'était en 2003, mais quand même. On n'a pas fait 157 kilomètres pour se faire courser par un ours !
Nous sommes à 971 mètres d'altitude et nous entamons la randonnée par une petite montée progressive dans une forêt sur un sentier bordé de pierres moussues. Il s'agit du bois de Gélan. Pas de difficulté, c'est agréable. Puis, peu à peu, le sentier se fait plus raide et abrupte. Puis c'est soudainement la neige qui fait son apparition sur le sol. Très soudainement. C'est étrange d'ailleurs cette soudaineté.
Pas un poil de neige
et puis PAF !
Du coup, la progression se fait plus lente. Il faut chercher le balisage jaune puisque le sentier a disparu. Il faut s'extirper de la neige chaque fois que l'on fait un pas car nous nous enfonçons très vite jusqu'aux genoux. Mais bon, hein, on l'a bien cherché aussi. Par contre, en plus de ces difficultés dues aux conditions météorologiques, il faut noter qu'à cet endroit la pente est sacrément pentue. Autre chose, les bruits de la circulation de la D934 ont complètement disparu. Il n'y a plus que le silence de la nature.
Après trois quarts d'heure de marche depuis la route, nous sortons de la forêt pour nous planter quelques minutes dans une clairière : la clairière d'Ayguebère.
Cela fait du bien de retrouver un peu le soleil, mais notre regard s'arrête surtout sur cette étonnante aiguille, l'aiguille d'Ayguebère.
Nous sommes à 1420 mètres d'altitude. Au printemps et en été, c'est ici que les randonneurs peuvent apercevoir quelques marmottes. Bon, aujourd'hui, niveau marmottes, c'est plutôt calme. Quant aux oiseaux, comme les isards, pas trop de mouvements dans le ciel non plus, si ce n'est le passage d'un avion qui vient diffuser sa trace blanche sur le bleu intense.
L'aiguille d'Ayguebère est vraiment captivante.
Elle s'extirpe de l'Houratatère, arrogante et fière, du haut de ses... de ses...
Eh bien impossible de savoir son altitude !
Juste à côté d'elle, sur la gauche de la photo, nous distinguons le pic Biscaou qui, lui, culmine à une altitude de 2012 mètres.
Nous quittons la clairière pour évoluer dans le neige qui, sous l'effet du soleil, est très très très humide. En clair, chaque fois que nous faisons un pas, nous nous enfonçons jusqu'aux genoux. Mais nous continuons ! Des empreintes de pas et de raquettes nous indiquent la route... le chemin... le sentier... la marche à suivre. Il faut atteindre la lisière d'une autre forêt un peu plus haut, puis entrer dans celle-ci afin de contourner les montagnes et rejoindre le lac d'Er.
Derrière nous, la vallée de l'Ossau avec la centrale de Miegebat... Oui ben, écoute, la nature, c'est bien, mais il y a aussi des constructions humaines. C'est pas pour rien que le climat se réchauffe. On peut toutefois ignorer cette vue pour orienter notre regard vers le pic de Cézy (2209 m), facilement reconnaissable à ses deux pics parallèles.
Sur la droite, nous avons également une belle vue sur les montagnes enneigées du pic de la Sagette (2128 m) et le pic du Petit Lurien (2358m)... Enfin, je crois...
Et puis, nous entrons à nouveau dans la forêt. La neige est toujours bel et bien présente, rendant difficile et périlleuse notre progression. Il faut prendre le temps de repérer les balisages tout en suivant les pas des précédents randonneurs qui se rendaient également au lac d'Er.
Quelques minutes de montée plus tard, nous parvenons à une seconde clairière. L'ultime, la finale avant la dernière grimpée vers le lac d'Er. Enfin, nous espérons. Un panneau accrochéà un arbre nous avertit de la présence de patous...
Bon, aujourd'hui, avec toute cette neige et au mois de février, il faut bien admettre que c'ets plutôt calme au niveau des brebis et des patous.
Incroyable. J'imagine ce patou avec son pyrograveur, écrire ces quelques lignes sur ce panneau, à la tombée de la nuit, le corps dans l'herbe avec un oeil sur ses amies brebis. Aaah, que la montagne est belle !
On distingue ainsi beaucoup plus facilement la longue barre rocheuse vertigineuse située sous le pic et massif de Cézy.
Du sommet du pic de Cézy (2209 m), il y a une vue extraordinaire sur le Sesques, le pic d’Aule, le Gazies, bien sûr l’Ossau, sur les pistes d’Artouste, le Lurien et plus loin le Balaitous et la Palas, les deux Zizettes (la petite et la grande) et les sommets au dessus de Gourette, le Ger, l’Amoulat, l’Arre Sourins, la Géougue d’Arre. C'est bien aussi de se demander ce que l'on peut voir d'un sommet qui se trouve en face... et pas seulement parce qu'on trouve que là où on est, on ne voit pas grand chose.
Après cette petite pause, nous reprenons notre évolution pyrénéenne. Les regards se tournent maintenant vers le sommet de la montagne au pied de laquelle nous nous trouvons. Apparemment, le sommet que nous voyons s'extirper de la crête enneigée est le pic d'Er.
Comme ça, vue en photo, on n'a pas l'impression, mais en fait... il y a du dénivelé. C'est un peu comme si tu escaladais un mur... de neige... pour passer de 1620 mètres d'altitude à 1764 mètres, soient 144 mètres de dénivelé en peu de longueur. Me suis-je bien fait comprendre ? OK, alors, c'est parti.
Les cuisses souffrent. Nos jambes s'enfoncent dans la neige humide. La pente est raide. Très raide. Nous sommes obligés de marqueur plusieurs arrêts pour reprendre notre souffle. Les cuisses brûlent.
Voyons cette photo prise d'en haut
pour se rendre compte différemment de la hauteur.
Oui, au milieu là,
c'est Fred qui tente de skier sans skis.
Bon, après quelques minutes d'intense montée, nous arrivons à hauteur de la crête ensoleillée que nous voyions en bas. Le suspense est à son comble. Nous espérons ne pas avoir tous ces efforts pour rien. Nous espérons que le lac va apparaître à nos yeux éblouis dans toute sa superbe magnificence. Nous faisons les derniers pas qui nous séparent de la crête...
Et...
Merde !
Y'a une autre crête !
Nous empruntons ces traces de traverse pour rejoindre la crête suivante.
On souffle en regardant le sommet...
Le ciel est bleu, le soleil domine. Il n'y a plus un arbre. L'espace se dégage. C'est sûr : derrière cette dernière pente, il doit y avoir le lac ! Nous grimpons. Nous rampons presque même. Non, j'exagère. Une fois arrivé en haut de cette énième crête, nous ne regardons pas tout de suite ce qui se cache derrière. Nous nous contentons dans un premier temps de faire un ombrefie devant le trajet parcouru. Hein ? Un ombrefie, c'est quoi ? Eh bien, c'est comme un selfie, sauf que tu prends ton ombre en photo au lieu de prendre ton visage.
Et puis, c'est un peu haletants et tremblants que nous nous retournons pour enfin contempler le lac d'Er.
Cette fois, plus de pente. Nous marchons sur les pas d'une petite trace avec une pente à droite et une pente à gauche.
Le massif de Cézy à gauche et le pic d'Er (2205m) à droite
Nous ne pouvons aller que droit devant nous. Le suspense n'en peut plus d'être à son comble. Au bout de ce petit sentier enneigééphémère, il y a forcément quelque chose. Ce n'est pas possible !!!
Quelques mètres plus tard, nous arrivons au bout du sentier enneigééphémère. Soudain, c'est le vide.
Et en-dessous,
c'est...
Oooohhh, quelle déception !
C'est tout bétonné !
Non, j'déconne !!!
On recommence.
Eeeeeeeh oui :
le lac d'Er !!!!
Ah, ah, ah !
Hein ? Quoi ? Ben si, tu le vois pas le lac d'Er, là ?! En dessous des montagnes ! Le truc blanc ?! Regarde !
Hein, bon, alors, voilà !
Quelques chiffres maintenant que nous sommes bien avancés.
Le lac d'Er se situe à 1764 mètres d'altitude très précisément. Nous avons eu le temps de recompter. D'une superficie de 1,6 hectare, il arbore une profondeur maximale de 25 m. ; ce qui est difficilement croyable vu d'ici. Pour l'atteindre, il faut partir de d'un petit sentier situéà 1,5 km de Gabas et marcher pendant près de 2h30... quand il n'y a pas de neige... par un dénivelé de 800 mètres pour une distance de 8,3 km.
Nous nous posons quelques minutes. Le blanc. Le silence. Pas un bruit. Le soleil donne.
Et puis, nous repartons. Chemin inverse. Ce sera sans doute moins difficile. Il suffit de se "laisser glisser"...
Effectivement, 1h30 plus tard, nous avons rejoint le petit parking de départ. Il ne nous reste plus maintenant qu'à essorer nos chaussettes et à prendre la direction du village d'Eaux-Chaudes et de la conviviale et accueillante auberge de La Caverne.
Objectif ultime : boire une bonne bière belge ou:et une bonne bière artisanale locale.
Santé !
Et maintenant, on se quitte avec une petite vidéo pour résumer la randonnée du jour.