Et si pour fêter l'automne, nous allions faire un tour en Bretagne, hein, là, comme ça ?!
Quand soudain, ne voilà-t-il pas...
La Nièvre, vert pays des eaux vives du centre de la France, étend son grand manteau automnal, composé de feuilles et d'arbres multicolorés; Un exemple ? Fastoche ! Voici un endroit situé le long du Canal latéral à la Loire, non loin de Nevers.
Oui, Ok, c'est vrai : il y a encore un ou deux arbres qui font de la résistance et qui sont encore verts. Mais tout de même, avec ce petit soleil, c'est une météo idéale pour faire un peu de vélo sur les pistes cyclables de La Loire à vélo et de... comment ça s'appelle ?... de... Le canal du Nivernais latéral à la Loire à bicyclette. Deux beaux itinéraires qui m'ont amenéà passer par Fourchambault, Cuffy, le Bec d'Allier, le Guétin, Plagny et Nevers.
Cuffy, maison-tour Cuffy, girouette
Cuffy, interdiction de se baigner sur le terrain de foot
Une bien belle météo, en effet, qui met le vélo à l'honneur. Tiens, la veille, en nous promenant dans les rues neversoises, nous avons croisé un drôle de cycliste.Une embarcation à ras de la route, composée d'un vélo-couché et d'une petite cabane en bois dans laquelle se sont réfugiés un siensien et des poules et sur laquelle sont écrits quelques mots emprunts de liberté et d'autonomie.
Le Journal du Centre de ce matin nous donnait plus de précisions sur lui.
Comme je trouvais l'histoire et l'aventure simple et belle, je suis allé voir sur internet si cet homme avait quelques informations à nous donner...
Aaaah, toutes ces images, toutes ces rencontres, cela donne envie de prendre la route !
Tiens, par exemple, pour apprécier ces belles couleurs automnales, on peut également se rendre en Côte d'Or qui, pour l'occasion, porte bien son nom. Les vignes de la côte se sont parés d'or, de rouges et d'orange ; de Nuits-Saint-Georges à Marsannay...
Et c'est à ce moment précis que je me rends compte que ce que je suis en train d'écrire n'a rien à voir avec le titre de ce billet qui est, rappelons-le : La Bretagne, de Nevers à Binic. Rien à voir ! En plus, je suis complètement parti à l'Est alors que la Bretagne se trouve à l'Ouest de la capitale du Morvan.
Je suis donc obligé de le dire :
revenons à nos moutons !
Expression que nous devons à cette comédie
de la fin du Moyen Âge,
appelée "La farce de Maitre Pathelin".
Mais, en ce moment, l'expression qui me plaît bien et que je viens de découvrir est Être comme l'âne de Buridan.
Jean Buridan était un philosophe du XIVème siècle. Son oeuvre écrite ne fait pas allusion à cet âne, mais pour les cours qu'il donnait à l'université de Paris, il faisait allusion à l'animal pour expliquer les oppositions entre les tenants du déterminisme et ceux du libre-arbitre. La mise en valeur de l'analyse est ainsi faite : Prends un âne et place-le au centre d'un enclos. Il doit être assoiffé et affamé. Sur un côté, tu mets un seau d'eau. De l'autre côté, à même distance, tu places un seau d'avoine. D'après l'âne de Buridan, celui-ci va mourir à la fois de faim et de soif car il n'aura pas su décider s'il devait commencer à manger ou à boire.
Voilà ! Bon...
Nous devions parler de Bretagne et nous voici non loin de Dijon. Rien à voir, mais que veux-tu : la France est belle, variée, nous amenant parfois à prendre d'autres chemins que celui prévu et blablabla bla blablablabla.
C'est en étudiant l'itinéraire Nevers-Bretagne et la météo qu'il allait faire que Mélanie m'a fait la réflexion suivante :
MELANIE :"- As-tu déjà remarqué ce profil de sorcière au nez crochu qui dessine l'Est du pays ?"
Interpellé dans un premier temps, je ne voyais pas trop que venait faire cette analyse par ici, mais en d=réfléchissant un peu, je me disais que Dijon se trouvait à l'Est et que cette fin de mois d'octobre marquait également la venue de la fête d'Halloween ; cette fête où enfants et adultes se déguisent en monstres, zombis, sorcières.
MELANIE :"- Mais si, regarde !"
Ah oui, effectivement. On distingue nettement un nez crochu à hauteur du lac Leman, une bouche au niveau du parc national de la Vanoise et un menton bien dessiné avec le parc national du Mercantour, bien connu pour ses loups.
Je m'y étais rendu en 2008, intrigué par ce lieu appelé"Vallée des Merveilles". J'avais passé la nuit dans la sauvage vallée de la Roya, à La Brigue ; puis tôt le matin, je m'étais lancé sur l'un des nombreux circuits de randonnée de la vallée des Merveilles. Elle est nommée ainsi pour ses 40 500 gravures rupestres protohistoriques, datant du Chalcolithique et de l’âge du bronze ancien, au milieu d’autres gravures plus récentes. C'est aussi un paysage minéral sculpté par la fonte des glaciers il y a environ 10 000 ans.
Je n'ai vu aucune gravure, mais quelle bonheur d'errer en ces lieux où j'ai pu croisé chamois, marmottes et lacs d'altitude...
Sans oublier cette intrigante cabane en pierre....
Mais... une fois de plus... force est de constater que nous sommes très loin de la Bretagne. Nous sommes même carrément à l'opposé. De quoi je parlais-je avant de me retrouver dans la Vallée des Merveilles ? Carte de France, sorcière, menton, parc du Mercantour. OK !
Suite aux propos de Mélanie, j'ai fait quelques recherches pour savoir si d'autres pays avaient des formes étranges. Et le résultat est sidérant !
L'Australie a des allures de Scoobidoo ! L'Europe ressemble à un dragon
Le continent américain a des airs de canard !
Quant au monde,
on dirait un chat qui joue avec une pelote de laine !
Si, si, si !
Allez,
puisque nous parlons de "chat",
il est grand temps de dire au revoir à Mimine,
qui s'est tranquillement endormie non pas dans,
mais sur son panier...
...et de prendre la direction de
LA BRETAGNE !
L'itinéraire a été fait rapidement. Nous n'avons pas prévu de nous arrêter en chemin pour visiter qui de un village, qui de un château, qui de... NON !
Nevers → La Charité-sur-Loire → Cosne-sur-Loire → Montargis → Artenay → Illiers-Combray → Le Mans → Laval → Rennes → Lamballe.
De là, nous nous interrogeons. Nous n'avons pas prévu de ville étape. L'idée est de faire le tour de la Bretagne et de s'arrêter quand on veut, où on veut. Arrivés à Lamballe, deux possibilités.
Soit nous prenons la direction d'Erquy dont j'ai de beaux souvenirs de coucher de soleil sur le port et d'une tranquillité ambiante très agréable lorsque je m'y étais rendu en 2005.
Soit nous nous dirigeons sur Saint Brieuc pour ensuite longer la côte en direction de Paimpol jusqu'à croiser un hôtel sympathique, pouvant nous héberger pour la nuit.
Nous choisissons la seconde solution. Notre ville étape du soir sera Binic parce que cela se trouve dans la partie ouest de la belle baie de Saint Brieuc et parce que Maître Arnaud par téléphone nous a indiqué un hôtel apparemment sympathique et parce que le nom est rigolo.
Nous traversons Saint-Brieuc, ville de la coquille Saint-Jacques.
"Autrefois vulgaire sébile de pèlerin, la coquille Saint Jacques est devenue une star. Attention, nous parlons bien ici de l'authentique Pecten maximus : foin du pétoncle, pâle imitation qui est à la coquille, dit-on ici, ce que l'oeuf de lump est au caviar.
depuis 1996, on peut reconnaître cette reine de la baie de Saint-Brieuc à son appellation certifiée "Côtes d'Armor". Les producteurs réclament mieux : une AOC. En attendant, avec l'aide de l'Ifremer qui contrôle les gisements par caméra-vidéo sous-marine, ils gèrent une ressource qui a failli s'éteindre il y a quelques années pour cause de surpêche.
On pêche plus de 5 700 tonnes de coquilles Saint-Jacques depuis les ports d’Erquy, Loguivy-de-la-Mer et Saint-Quay-Portrieux, soit quasiment la moitié de la production française. Avec ses 150 000 hectares, le gisement naturel classé de la Baie de Saint-Brieuc demeure la zone la plus productive au niveau national."ÉDITIONS ATLAS
Qu'est-ce que c'est bon les noix de Saint-Jacques !
Tiens, retrouvons une petite recette rapide que nous t'avons concocté pour l'occasion.
Et puis, quelques dix kilomètres plus loin, nous entrons dans Binic, appelée également "le grain de beauté des Côtes d'Armor". Bon... en même temps, un grain de beauté, ce n'est pas ce qu'il y a de plus beau. Certains peuvent même être cancéreux.
De suite, ce qui marque notre attention, c'est le port. Et ça tombe bien puisque notre hôtel se trouve non loin du port, au pied de l'église. Son nom : "Le Neptune", non pas en hommage à la huitième et dernière planète du Système solaire par distance croissante au Soleil ; mais en référence au dieu des Eaux vives et des Sources, protecteur des Pêcheurs, des bateliers et des pêcheurs ; encore associé depuis 146 avant JC au dieu grec Poséidon.
Nous nous garons sur le petit parking faisant face à l'église pour ensuite prendre la direction de l'hôtel situé un peu plus bas, dans la même rue... Ohlalala que de détails, on s'en fout !
Nous entrons. Un comptoir avec le patron et deux clients buvant une bière. "Bonsoir". Le patron nous indique notre chambre. Premier étage. Nous montons, nous entrons. De la fenêtre, nous avons une vue sur le port et les dernières lueurs du jour.
Belle vue sur le port. En même temps, on ne s'attendait pas à voir le Mont Blanc. Par contre, il y a une évidence évidente : les journées en octobre sont courtes. Il ne va pas trop falloir trainer si nous voulons visiter la région de préférence en plein jour. Nous sommes pas venus jusqu'ici pour visiter la Bretagne de nuit.
Nous redescendons très vite pour boire l'apéro, puis nous prenons place dans la salle de restaurant. Seule une table est occupée par un couple d'une soixantaine d'années. Un panneau nous intrigue là-bas dans le coin... Un panneau de bienvenue aux différents touristes de passage...
"Les Anglais, les Normands, les Belges, les Lillois, les Marseillais, les Népalais,..."
ET LES BASQUES !?
Nous nous indignons auprès du patron, rejoint par son épouse pour le service.
NOUS :"- Et les Basques, on n'est pas les bienvenus ?"
La patronne se dresse derrière le comptoir :
ELLE :" - Mais si, ils y sont les Basques ?!!!!!"
Elle sort de derrière le comptoir rapidement pour prendre la direction du panneau de bienvenue et nous montre dans un petit coin la présence de l'expression "bienvenus aux Basques".
ELLE :"- Alors ?!
NOUS :"- Oui, d'accord, bon, c'est un peu écrit petit !
ELLE :"- Je m'appelle Maïté !!!!!!!!!! Vous croyez que c'est breton ?!"
Ah oui, d'accord.
Au menu ce soir, nous choisissons les huîtres de Paimpol, puis les brochettes de Saint-Jacques au chorizo, puis le plateau de fromages.
Comme tu peux le voir, le cuisinier du Neptune ne prépare pas les noix de Saint-Jacques comme nous... et c'est tant mieux !
Tout se passe bien. Les huîtres sont fabuleuses, le plateau de fromages est magnifique et le vin blanc va très bien avec tout ceci. Nous restons un peu à table. Il n'y a plus que nous en salle. Du coup, les patrons et un ami viennent s'asseoir non loin de nous pour manger à leur tour. Nous leur offrons un verre... Ben oui, on est comme ça, on offre des verres aux patrons... Puis nous entamons les discussions sur le sud-ouest d'où ils sont originaires, comment ils sont venus ici, qu'y'a-t-il à voir à Binic, est-ce que cela bouge culturellement, quels sont les évènements, depuis combien de temps sont-ils ici, est-ce que ça va ?
Maïté et Bruno nous parlent un peu de la ville et des activités qu'elle propose. Binic, c'est un peu plus de 3000 habitants à l'année, et trois fois plus en été. Elle tire son nom de Binic tire du préfixe breton penn -qui signifie tête, chef, bout ou cap- et de Ic qui est le nom de la rivière voisine qui se jette dans la mer. Par déduction, Binic est donc l’embouchure de l'Ic.
La ville a connu son apogée au XIXème siècle. En 1845, elle devient le premier port français pour la Grande Pêche en recevant annuellement de 150 à 160 navires. L'activité se partageait alors entre la pêche à Terre-Neuve et le cabotage (importation de sel, de vin, de bois du Nord, de farines et légumes). C'était également le premier port de pêche à la morue. Mais le port va perdre de son activité au début du XXème siècle suite à la chute de l'activité de la pêche à la morue, la présence de sous-marins allemands durant la guerre, la concurrence des chalutiers à vapeur et le durcissement des réglementations sur la pêche. L'activité reprendra quelque peu après les années 1930. On peut retrouver ces histoires au musée de la ville, le Musée des traditions populaires, présentant des costumes et des coiffes bretons, des outils de pêche et des reconstitutions.
Maïté nous parle aussi des différents festivals qui ont lieu dans la ville tout au long de l'année. Le Festival littéraire des Escales en mars, Festival de marionnettes (Marionnetic) en avril, La Morue en fête en juin, le festival Grain d'pirate et le Binic Folks Blues Festival en août et Magic Binic en octobre.
La soirée se passe. Nous continuons d'échanger sur le sud-ouest, la Bretagne, la Nièvre, les festivals... jusqu'à 1 heure du mat'.
LE LENDEMAIN
Le jour se lève sur Binic, sur le port et sur l'église qui fait face aussi à notre fenêtre de chambre. Un nom évocateur : Notre-Dame de Bon Voyage. Elle est devenue toute rouge sous l'influnece des premiers rayons du soleil.
Une belle journée s'annonce. Ciel bleu limpide, température douce. Nous rejoignons la salle de restaurant pour le petit déjeuner. Puis nous saluons les patrons du Neptune en les remerciant pour leur accueil sympathique et convivial.
Petite marche digestive sur le quai Surcouf, du nom de ce capitaine corsaire qui harcela les marines marchandes et militaires britanniques, non seulement sur les mers de l'Europe, mais aussi sur celles de l'Inde au début du XIXème siècle avant de devenir l'un des plus riches et puissants armateurs de Saint-Malo, doublé d'un prospère propriétaire terrien de 800 hectares. Il est également considéré comme l'un des meilleurs marins que la France ait jamais eu.
La lumière est belle et les couleurs bretonnes s'affirment.
Nous arrivons sur la jetée de Penthièvre
d'où il est interdit de plonger.
C'est marée basse. En même temps, la longue jetée forme un bassin à flot au niveau de l'embouchure de l'Ic, ce qui créé un envasement chronique.
Au siècle dernier, des marées exceptionnelles avaient dévoilé d'importants vestiges d'un oppidum celte et des monnaies gallo-romaines.
Nous retournons à la voiture, puis nous quittons Binic en traversant la ville de façon hasardeuse, ce qui nous fait longer le mur du cimetière dans lequel repose l'actrice française d'origine japonaise Yoko Tani. Tu as pu la voir notamment dans des films comme Les pépées font la loi, Paris canaille, Les oeufs de l'autruche, Le vent ne sait pas lire, mais aussi Un américain bien tranquille de Joseph L. Mankiewicz et Les dents du diable de Nicholas Ray. Compagne d'Henri Laforest (principal actionnaire de Bic), elle aurait inspirée le personnage de l'aventurière Yoko Tsuno à Roger Leloup.
Sortis de Binic, nous longeons la côte. Objectif : aller faire du vélo sur l'île de Bréhat.
Nous passons par les villes d'Etables-sur-Mer, Saint-Quai-Portrieux, Plouha... Marée basse.
Nous aurions également pu aller voir les falaises de Plouha réputées pour être les plus hautes de Bretagne avec un point culminant à 104 mètres avec notamment un lieu insolite : le petit port de Gwin Zegal. Ce dernier présente un type de mouillage pas banal composé de troncs d'arbres plantés dans le sable. Je m'y étais rendu il y a trois ans.
Nous continuons. Lanloup, Plouézec, Paimpol, Poubazlanec pour atteindre la Pointe de l'Arcouest, lieu d'embarquement pour rejoindre l'île de Bréhat.
DANS NOTRE PROCHAIN ÉPISODE
Nous nous retrouverons sur l'île de Bréhat, encore appelée l'île aux fleurs.